Premier chef d’État européen à s’exprimer au Parlement britannique depuis le Brexit, Emmanuel Macron a été reçu, au premier de ses trois jours prévus outre-Manche, dans la luxueuse « galerie royale » du palais de Westminster, rapporte notre correspondante à Londres, Emeline Vin. Après un échange de blagues sur le foot et l’histoire millénaire franco-britannique (« Nous aimons la monarchie, surtout quand elle n’est pas chez nous », a-t-il glissé, s’attirant les rires de l’assemblée), il a embrayé sur la défense et la guerre en Ukraine, gros dossiers de cette visite.
« En tant que membres permanentes du Conseil de sécurité, nous devons œuvrer ensemble pour protéger l’ordre international que nous avons fondé après la Seconde Guerre mondiale. C’est pourquoi nous avons lancé ensemble cette coalition de volontaires en février. L’Europe n’abandonnera jamais l’Ukraine », a déclaré Emmanuel Macron dans la langue de Shakespeare. « Nous nous battrons jusqu’à la dernière minute afin d’obtenir un cessez-le-feu, pour entamer les négociations afin de construire cette paix solide et durable, car c’est notre sécurité et nos principes qui sont en jeu en Ukraine », a-t-il poursuivi.
Maître-mot de son allocution : la coopération – militaire, technologique, économique, pour réduire la dépendance à la Chine et aux États-Unis. Emmanuel Macron, qui a parlé pendant 30 minutes, compte sur les liens entre Londres et Paris dans un contexte géopolitique tourmenté : « Le Royaume-Uni et la France doivent aujourd’hui de nouveau montrer au monde que notre alliance peut faire toute la différence. »
Paris et Londres doivent « régler l’immigration irrégulière avec humanité et fermeté »
Les députés britanniques attendaient un geste sur l’immigration et les traversées de la Manche. Plus de 21 000 personnes sont arrivées cette année sur les côtes britanniques en traversant la Manche depuis la France, un record historique sur cette période de l’année.
« La France et le Royaume-Uni partagent la responsabilité de régler l’immigration irrégulière avec humanité et fermeté. Nous prendrons des décisions de coopération lors de notre sommet, jeudi », a promis le président français, qui a souligné que cette immigration représente un « fardeau » pour les deux pays. « Dans ce monde instable, l’espoir d’une vie meilleure ailleurs est légitime. Mais nous ne pouvons pas permettre que les règles de nos pays concernant l’accueil des personnes soient bafouées, ni que des réseaux criminels exploitent cyniquement l’espoir de tant d’individus avec si peu de respect pour la vie humaine », a-t-il insisté.
Finalement, Emmanuel Macron n’a fait qu’une seule annonce, négociée depuis près de dix ans : le prêt de la France au Royaume-Uni de la Tapisserie de Bayeux. « Je dois l’admettre : ça aura pris plus de temps que les négociations sur le Brexit ! », a-t-il plaisanté. La célèbre broderie, héritage du Moyen-Âge qui retrace la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et vainqueur de la bataille d’Hastings en 1066, doit arriver au British Museum d’ici 12 à 24 mois.