
Dans le Bureau ovale, en pleine réception à la Maison Blanche du chancelier allemand Friedrich Merz, assis silencieusement à ses côtés, Donald Trump a livré ses premiers commentaires depuis les critiques acerbes d’Elon Musk, deux jours plus tôt.
Ce que Trump qualifie de « grande et belle loi », et qui constitue la clé de voûte de son programme présidentiel, avait été fustigée par le magnat de la tech comme « une abomination répugnante. »
« Elon et moi avions une excellente relation. Je ne sais pas si ça sera encore le cas, s’est d’abord interrogé le président américain. Je suis surpris. » « Je suis très déçu, parce qu’Elon connaissait le contenu de cette loi mieux que quasi tout le monde ici », a-t-il repris. « Tout d’un coup, il a un problème. »
Donald Trump a assuré sur son réseau Truth Social qu’il avait mis fin à la mission gouvernementale d’Elon Musk, selon lui « devenu fou » à cause d’une décision du président américain défavorable aux véhicules électriques. « Le plus simple pour économiser des milliards et des milliards de dollars dans notre budget serait d’annuler les subventions et contrats gouvernementaux » du patron de SpaceX et Tesla, a-t-il menacé dans un autre message sur Truth.
« Quelle ingratitude »
La réponse d’Elon Musk n’a pas tardé : Trump et Merz répondaient encore aux questions des journalistes dans le Bureau ovale quand il s’est emparé de son réseau social X pour répliquer.
« N’importe quoi », a-t-il écrit en commentaire d’une vidéo de Trump, dans laquelle le président affirmait que sa colère était due à la perte de subventions pour les véhicules électriques. « Faux », a-t-il ensuite publié au-dessus d’un extrait dans lequel le président américain assure que Musk connaissait par avance le contenu du texte de loi budgétaire. « Faux, ce projet de loi ne m’a jamais été montré une seule fois et a été adopté en pleine nuit si vite que presque personne au Congrès n’a pu le lire ! », écrit sur X Elon Musk.
Avant d’enfoncer le clou quelques minutes plus tard : « Sans moi, Trump aurait perdu l’élection » en 2024, « les démocrates contrôleraient la Chambre des représentants et les républicains seraient à 51-49 au Sénat », a-t-il attaqué. « Quelle ingratitude », a encore accusé Elon Musk, qui a surenchéri à nouveau avec une nouvelle attaque contre le président américain : « Il est temps de lâcher la vraie grosse bombe : Donald Trump figure dans les dossiers Epstein. C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics », avance-t-il.
Elon Musk, également patron de SpaceX, a annoncé le désengagement de sa société des opérations spatiales américaines. Il va mettre hors service son vaisseau Dragon, utilisé notamment par la Nasa pour acheminer des astronautes vers la Station spatiale internationale (ISS). « Au vu de la déclaration du président concernant l’annulation de mes contrats avec l’État, SpaceX commencera immédiatement à mettre hors service son vaisseau spatial Dragon », a-t-il déclaré.
Un projet de loi dans le viseur d’Elon Musk
La dispute entre Trump et Musk, soutien financier de tout premier plan pendant la campagne du républicain et devenu incontournable du début de son second mandat, survient moins d’une semaine après une cérémonie organisée à la Maison Blanche saluant la fin prévue de la mission de l’entrepreneur, chargé de piloter des coupes drastiques dans les dépenses publiques.Voté fin mai à la chambre basse du Congrès, sous la pression de Donald Trump, le projet de loi budgétaire dans le viseur d’Elon Musk est examiné depuis lundi par le Sénat, où les républicains sont majoritaires. « Appelez votre sénateur, appelez votre représentant à la Chambre des représentants. Ruiner l’Amérique n’est pas ok. Tuez le projet de loi », a écrit Elon Musk sur son réseau X. En anglais, l’homme le plus riche du monde écrit « KILL the BILL », ce qui est interprété comme une référence au film Kill Bill de Quentin Tarantino, qui raconte une quête de vengeance particulièrement sanglante.
Se disant « déçu », Elon Musk avait déploré sur CBS des « dépenses massives » qui « augmentent le déficit budgétaire ». « Une loi peut être grande ou belle. Mais je ne sais pas si elle peut être les deux », avait-il ironisé.
Les prises de position d’Elon Musk ont fait tanguer le titre de Tesla en Bourse ces derniers mois. Après les échanges houleux entre Elon Musk et Donald Trump, Tesla a fortement chuté à la Bourse de New York. Le titre de Tesla a dévissé de 14,26%, à 284,70 dollars, laissant s’envoler environ 150 milliards de dollars de capitalisation à la suite de la passe d’armes entre les deux milliardaires. Cette chute a refait passer l’entreprise sous le seuil symbolique des 1 000 milliards de capitalisations boursière.