À Bruxelles, la controversée Fondation humanitaire de Gaza tente en vain de sauver son image

Johnnie Moore, président exécutif de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), s'adresse aux journalistes à Bruxelles, le 2 juillet 2025.
Johnnie Moore, président exécutif de la Fondation humanitaire pour Gaza (GHF), s’adresse aux journalistes à Bruxelles, le 2 juillet 2025. © Reuters/Yves Herman

Devant les journalistes, Johnnie Moore, président exécutif de la très controversée Fondation humanitaire pour Gaza tente, en vain, de sauver son image : « Ce que nous lisons dans les médias, ce n’est pas quelque chose que nous avons vu en réalité. Il n’y a pas eu un seul incident de violence sur nos sites de distributions. Le soi-disant ministère de la Santé, totalement contrôlé par le Hamas, qui est une organisation terroriste, sort des statistiques tous les jours et les attribue à 100% à des civils qui attendant de l’aide… mais c’est très clair qu’il s’agit d’une tentative de délégitimer ce que nous faisons pour nourrir les Gazaouis. »

Ce chrétien évangélique et ancien conseiller de Donald Trump développe un discours infondé, contredit par l’épreuve des faits. Sa fondation a été à l’origine d’une violence meurtrière, confrontée au chaos sur ses sites de distribution, et à une démission jusque dans ses propres rangs. Inébranlable, Johnnie Moore va jusqu’à réfuter les rapports des Nations unies et des organisations internationales humanitaires. Celles qui ont l’expérience du terrain, sont sur place. Pour lui, ce ne sont « que des déclarations politiques ». « Leurs chiffres viennent de personnes ou d’organisations qui sont directement affiliées au Hamas, ou qui ont été, à notre connaissance, infiltrées par le Hamas », avance encore Johnnie Moore.

En boucle, les arguments s’amoncellent : « Le Hamas est responsable des morts », « il y a un coût à payer pour pouvoir faire des affaires », « nous sommes des professionnels, alors laissez nous faire ! » Toujours est-il que 170 ONG appellent à revenir à l’ancien système de distribution d’aide humanitaire.

Des ONG déplorent de nombreux morts

La GHF, organisation caritative privée officiellement basée aux États-Unis avec des financements opaques, a commencé ses opérations le 26 mai après qu’Israël a interrompu les flux d’aide alimentaire à Gaza pendant plus de deux mois, en dépit des avertissements de risque de famine. La mise en place de cette aide a donné lieu à des scènes chaotiques, l’armée israélienne ayant fait feu à plusieurs reprises pour tenter de contenir des centaines de Palestiniens désespérés. L’ONU et les principales organisations d’aide ont refusé de travailler avec la GHF, affirmant qu’elle servait les objectifs militaires israéliens et violait les principes humanitaires de base.

Le bureau des droits de l’homme de l’ONU a déclaré la semaine dernière que depuis le début des opérations de la GHF, « l’armée israélienne a bombardé et tiré sur des Palestiniens essayant d’atteindre les points de distribution, causant de nombreux décès ». Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a de son côté déclaré, le 27 juin, que 500 personnes avaient été tuées « sur des sites de distribution de nourriture militarisés non liés à l’ONU » au cours des deux semaines précédentes. Le même jour, l’organisation médicale Médecins sans frontières (MSF) a déclaré que « chaque jour, les équipes de MSF voient des patients tués ou blessés en essayant d’obtenir de la nourriture sur l’un de ces sites ». Il a demandé le démantèlement immédiat du programme.

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