La priorité pour Emmanuel Macron est de sortir les pays riches des énergies fossiles. Il plaide pour la fin du charbon d’ici 2030, du pétrole d’ici 2045 et du gaz d’ici 2050, rapporte notre envoyée spéciale à Dubaï, Jeanne Richard. Mais les pays émergents doivent aussi faire des efforts. « En effet, s’il y avait une priorité absolue, c’est que les émergents sortent du charbon. On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c’est un élément de justice, mais ce rattrapage ne doit se faire sur la base d’énergies carbonées », a affirmé le président français.
Car le charbon est à ce jour la source d’énergie la plus émettrice de CO2. « Les pays du G7 doivent montrer l’exemple et s’engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c’est-à-dire avant 2023, a martelé Emmanuel Macron. Ensuite, les pays les plus riches doivent aussi aider les émergents à sortir du charbon ».
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Mais les programmes d’aide signés avec l’Afrique du Sud, le Vietnam et l’Indonésie et mis en avant par le président français ne portent pas leurs fruits. Reste le rôle du secteur privé dans cette transition. « Le secteur privé n’a aucune désincitation pour financer une centrale à charbon par rapport à du renouvelable ou autre, c’est totalement absurde et c’est choquant pour tout le monde ». Emmanuel Macron appelle donc à l’arrêt des subventions aux centrales à charbon. Un beau discours, mais attention à ce que ces déclarations soient suivies d’effets, pointent de leur côté les ONG.
Un accord sur l’industrie maritime
Le président français a par ailleurs salué « le formidable accord qui a été trouvé par l’industrie maritime de nos pays il y a quelques instants et qui va permettre de réduire les émissions très fortement d’ici 2030 ». Cinq des plus gros transporteurs maritimes mondiaux ainsi que la France, la Corée du Sud et le Danemark, ont adopté ce vendredi une déclaration commune pour promouvoir l’adoption « d’un cadre réglementaire solide » d’ici 2027 favorisant la transition écologique du secteur.
Les signataires promettent de travailler à la mise en place d’« une norme internationale » pour mesurer précisément les émissions du secteur, est-il écrit dans la déclaration. Ils s’engagent également à promouvoir « un mécanisme international de tarification des gaz à effet de serre », soit l’équivalent d’une taxe carbone, « pour inciter à l’efficacité énergétique et réduire l’écart de prix entre les carburants fossiles et les carburants maritimes durables ».
Projet de taxation internationale
Avec le Kenya, la France est également à l’origine du lancement à la COP28 d’une coalition qui doit regrouper les pays souhaitant créer d’ici deux ans une taxation internationale capable de lever les milliards de dollars dont les pays en développement ont besoin face au changement climatique. « Avec la Barbade, le Kenya et plusieurs autres, nous lançons officiellement lors de cette COP une « task force internationale » qui devra rendre ses conclusions au G20 de Rio pour mettre en place une taxation internationale lors de la COP 30 » au Brésil en 2025, a déclaré le président français Emmanuel Macron à Dubaï.
« C’est une nécessité si on veut un vrai résultat, parce qu’on a besoin de lever plus d’argent pour financer notre lutte contre les inégalités et pour le climat », a-t-il ajouté, lors de son discours à la tribune de la COP28.