Syrie: l’aide humanitaire peine à se frayer un chemin jusqu’à Soueïda

Une photo aérienne montre un convoi du Croissant-Rouge syrien transportant de l'aide humanitaire fournie par le gouvernement, traversant un poste de contrôle des forces de sécurité générale syriennes près de la ville méridionale de Busra Al-Sham, le 20 juillet 2025.
Une photo aérienne montre un convoi du Croissant-Rouge syrien transportant de l’aide humanitaire fournie par le gouvernement, traversant un poste de contrôle des forces de sécurité générale syriennes près de la ville méridionale de Busra Al-Sham, le 20 juillet 2025.AFP – OMAR HAJ KADOUR

Soleil écrasant, poussière dans l’air et une trentaine de camions alignés en bord de route et remplis de palettes d’eau, de pain et de kits de premiers soins : c’est dans une ville dévastée par une semaine d’affrontements, qui ont fait plus de 1 100 morts entre druzes et bédouins, que le premier convoi d’aide humanitaire a été acheminé dimanche à Soueïda, dans le sud de la Syrie, à la faveur du cessez-le-feu qui est entré en vigueur.

Cette opération s’est soldée par un semi-échec. Seule une partie des cargaisons de nourriture et de médicaments a pu atteindre la ville druze. Aucun médecin n’a pu franchir les lignes et les civils blessés ou bloqués dans les zones de combat n’ont pas pu être évacués.

À Boussour al-Harir, ville frontière entre Deraa et Soueïda, l’opération était supervisée par deux membres du gouvernement : Hind Kabayet, ministre des Affaires sociales, et Mashab al-Ali, ministre de la Santé. Le tout sous la surveillance de l’armée et de quelques autres représentants du pouvoir central. Ahmed ben Mohamed est l’un d’eux. Cet agent du ministère de la Gestion des urgences raconte : « Nous avons contacté les responsables à Soueïda et nos équipes devaient entrer avec les camions. Mais Hikmat al-Hajiri, le chef religieux druze, a refusé l’entrée des médecins. Seule la nourriture est passée. »

« Toutes nos demandes ont été refusées par les groupes druzes »

Au poste de coordination, les négociations ont duré plusieurs heures. Les ministres syriens présents sur place ont tenté d’obtenir des garanties de sécurité et de coopération, en vain. « On a proposé que des civils coincés ou blessés à Soueïda puissent être évacués, expose Chaker, employé du Croissant Rouge arabe, qui a participé à l’opération. Toutes nos demandes ont été refusées par les groupes druzes. Et aucun soignant n’a pu entrer. Même les employés du ministère de la Santé ont été bloqués. »

Le résultat de cette opération illustre la méfiance persistante entre le pouvoir central et les groupes armés druzes, encore solidement implantés dans Soueïda. Les combats ont cessé temporairement, mais aucun véritable accord politique n’a été trouvé. Et les civils, eux, restent les otages d’un bras de fer qui ne laisse passer l’aide qu’au compte-goutte.

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