
Plus on tente de le recadrer, plus il en rajoute. Ce vendredi 25 juillet dans la matinée, lors d’un déplacement, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a de nouveau marqué sa différence en déclarant : « entrer au gouvernement ne fait pas de moi un macroniste ». Une sortie, répétée trois fois cette semaine, qui illustre sa volonté de s’affirmer face à l’exécutif. Dans son entourage, on minimise l’importance du rendez-vous de la veille avec François Bayrou, qualifié de « simple explication » plutôt que d’un véritable recadrage.
Une manière de souligner que Bruno Retailleau reste maître de son destin politique, loin des injonctions d’Emmanuel Macron ou de François Bayrou. C’est lui, et lui seul, qui décidera de son départ du gouvernement. Devant la presse ce jeudi à Angers, le Premier ministre n’a d’ailleurs pas fait œuvre d’une grande fermeté : « les différences de sensibilité sont bienvenues, le pluralisme est bienvenu, mais il ne faut pas que ces sensibilités prennent la forme de divergences », a-t-il sobrement commenté.
Tensions entre l’Élysée et Beauvau
Pourtant, ses ambitions pour 2027, de plus en plus évidentes, agacent le chef de l’État. Lors du dernier Conseil des ministres, des participants ont jugé l’ambiance « froide » entre les deux hommes. Autre signe, le tête-à-tête entre Bayrou et le premier flic de France en remplaçait un autre, entre Emmanuel Macron et Bruno Retailleau. Ce report de dernière minute semble arranger le ministre.
Selon l’un de ses proches, ce report est une victoire stratégique : « le président n’a pas voulu scénariser une guerre intestine au sein de l’exécutif, comme cela a pu être le cas sous Chirac ou Hollande ». Ce proche va plus loin, affirmant que « en une semaine, nous avons réussi à mieux incarner la rupture qu’Édouard Philippe ou Gabriel Attal ».
Une déclaration audacieuse qui positionne Retailleau comme un acteur clé, loin de se contenter d’un rôle subalterne. Mais le patron des Républicains (LR) prépare-t-il pour autant sa sortie du gouvernement ? Pas pour l’instant, à en croire ses propres mots : « l’heure n’est pas à la démission », a-t-il assuré cette semaine.