Les sirènes se sont déclenchés peu après minuit : l’armée de l’air a comptabilisé 54 drones explosifs lancés depuis la Russie, un nombre record. Il s’agirait donc de la plus importante attaque au drone depuis le début de la guerre. Puis aux alentours de 2h du matin (heure locale), des explosions ont déchiré le ciel, au-dessus de plusieurs quartiers, tandis que des projecteurs puissants balayaient l’horizon à la recherche d’engins explosifs, rapporte notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
Les autorités militaires disent avoir abattu 52 de ces engins meurtriers, la cible principale de ces raids aériens a été la capitale : parmi les 52 abattus, 40 drones ont été détruits dans le ciel au-dessus de Kiev. Selon elles, la Russie visait notamment « des installations militaires et des infrastructures critiques dans les régions du centre du pays, en particulier dans la région de Kiev ».
Mais les « débris sont tombés sur un immeuble de sept étages », selon l’administration régionale, tuant une personne et en blessant une autre. Dans le district de Solomyanskyi, des restes de drones explosés en vol sont tombés sur une station-service – un homme de 41 ans est décédé, une femme a été hospitalisée, a annoncé le maire de la ville Vitali Klitschko.
Ailleurs dans la capitale, les raids aériens ont déclenché d’importants incendies dans une zone d’entrepôts, propageant les flammes sur 1 000 m2 et blessant une personne sur les lieux, selon l’administration régionale.
Saturer le ciel de Kiev avec des drones venant de partout et épuiser les réserves anti-aériennes ukrainiennes
Selon l’armée ukrainienne, les Russes ont cette fois-ci innové en n’utilisant pas les routes habituelles des drones, en provenance du littoral de la mer d’Azov : cette fois-ci, les forces russes ont tenté de saturer le ciel de Kiev par de multiples vagues de drones venant de directions géographiques différentes, selon notre correspondant à Kiev, Stéphane Siohan.
Malgré le taux d’interception très élevé, les Russes tentent d’épuiser les réserves en missiles anti-aérien à la disposition des Ukrainiens, et d’empêcher l’armée ukrainienne de déployer ces équipements sur la ligne de front à l’heure de la contre-offensive.
La date de cette attaque d’envergure n’a peut-être pas été choisie au hasard : Kiev célèbre aujourd’hui la fondation de la ville il y a 1 541 ans. Le chef de l’administration militaire de la ville a ironisé sur les réseaux sociaux : « Aujourd’hui, l’ennemi a décidé de féliciter les habitants pour la journée de Kiev. »
Cette offensive russe sur Kiev intervient également après le feu vert des États-Unis pour des livraisons d’avions de combat F-16 à l’Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé dimanche 28 mai cette mesure d’« escalade inacceptable » : « C’est jouer avec le feu. Cela ne fait aucun doute », a déclaré M. Lavrov dans un entretien à la télévision d’État russe dont un extrait a été publié sur les réseaux sociaux du journaliste l’ayant interrogé.
Le cœur de la Russie visé par des drones, Kiev nie toute implication
La guerre des drones continue ainsi de faire rage entre l’Ukraine et la Russie, l’utilisation de ces petits engins pilotés à distance en zone de conflit ayant explosé sur le front ukrainien. Le territoire russe a ainsi lui aussi été visé ces dernières semaines par une série d’attaques de ce genre en plus de sabotages, à l’heure même où Kiev dit finaliser ses préparatifs avant de lancer un assaut visant à reconquérir tous les territoires occupés par Moscou.
L’attaque la plus spectaculaire remonte au 3 mai, lorsque deux drones ont été abattus au-dessus du Kremlin à Moscou, résidence officielle et lieu occasionnel de travail du président Vladimir Poutine. Moscou avait accusé Kiev, qui avait nié toute implication. Outre cet incident en plein cœur de la capitale russe, ce sont généralement les régions limitrophes de l’Ukraine qui sont visées, là même où l’armée russe approvisionne en partie ses troupes en amont du sol ukrainien.
Mais ces drones peuvent aussi frapper à plusieurs centaines de kilomètres à l’intérieur du territoire russe. Samedi, deux drones ont endommagé un bâtiment d’où est administré un oléoduc dans la région de Pskov, dans l’ouest de la Russie, avait annoncé le gouverneur Mikhaïl Vedernikov.
Si Moscou accuse inlassablement Kiev – et ses soutiens occidentaux – d’être derrière ces attaques, l’Ukraine nie de manière générale toute implication.