Selon un témoin sur place, « deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques » ont ouvert le feu sur cette plage, la plus célèbre d‘Australie, prise d’assaut durant le week-end par des foules de touristes, nageurs et surfeurs.
Le bilan est lourd : au moins 16 personnes ont alors été tuées, a déclaré la police, dont l’un des deux tireurs. Le deuxième assaillant a été interpellé et serait dans un état critique, a annoncé la police à la BBC. L’attaque a en outre fait au moins 40 blessés, dont deux policiers. Un Français, Dan Elkayam, compterait parmi les victimes, a indiqué dans la soirée Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères français.
« Les scènes à Bondi sont choquantes et bouleversantes », a écrit le Premier ministre australien dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. « Mes pensées vont à toutes les personnes affectées », a-t-il ajouté. Anthony Albanese a annoncé que « les drapeaux seront en berne dans tout le pays aujourd’hui en hommage aux victimes et aux blessés. »

Une attaque « visant la communauté juive au premier jour de Hanoukka »
Les autorités affirment qu’il n’y a plus de menace active, mais ont exhorté la population à éviter la zone, selon la chaîne australienne ABC. La police avait initialement annoncé un « incident en cours » sur la plage et ordonné au public d’éviter le secteur et de « se mettre à l’abri ».
L’attaque meurtrière par balles perpétrée dimanche par deux individus sur la célèbre plage de Bondi à Sydney « visait la communauté juive de Sydney le premier jour de Hanoukka », a déclaré le Premier ministre de l’État australien de Nouvelle-Galles-du-Sud, Chris Minns. Un événement était organisé à ce moment-là sur la plage pour célébrer cette fête juive, a ajouté le chef du gouvernement lors d’une conférence de presse. Une affiche pour l’événement, intitulé « Chanuka by the Sea 2025 », indique qu’il devait se dérouler près de l’aire de jeux pour enfants de la plage à partir de 17h AEDT (6h TU) dimanche, organisé par le centre juif Chabad de Bondi.
Il s’agit d’un « acte terroriste », a ajouté le chef de la police de l’État Mal Lanyon. Selon ce dernier, la police a également indiqué avoir « trouvé un engin explosif artisanal dans une voiture liée à l’assaillant décédé », a-t-il déclaré à la presse.
Anthony Albanese a également rendu hommage aux « héros » qui sont intervenus pour tenter de mettre fin à l’attaque, qu’il a qualifiée d’un acte qui « dépasse l’entendement ». « Nous avons vu aujourd’hui des Australiens courir vers le danger pour aider les autres. Ces Australiens sont des héros et leur bravoure a sauvé des vies », a déclaré le Premier ministre australien lors d’une conférence de presse, alors que des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des personnes présentes tentant de maîtriser les assaillants à mains nues.
Benyamin Netanyahu lie l’attaque à la reconnaissance de l’État palestinien par Canberra
Le président israélien Isaac Herzog a condamné une « attaque cruelle contre des Juifs », demandant à l’Australie de lutter davantage contre l’antisémitisme. « En ce moment même, nos frères et sœurs de Sydney, en Australie, ont été attaqués par d’ignobles terroristes dans une attaque très cruelle contre des Juifs qui s’étaient rendus à Bondi Beach pour allumer la première bougie de Hanoukka », a-t-il déclaré dans un discours prononcé lors d’un événement à Jérusalem.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, a accusé le gouvernement australien d’avoir « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » avant la fusillade. « Il y a trois mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que votre politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme », a-t-il déclaré lors d’un discours télévisé prononcé à l’occasion d’un événement dans le sud d’Israël, en référence à une lettre envoyée à Anthony Albanese en août après l’annonce par Canberra de sa décision de reconnaître un État palestinien.
Selon une source sécuritaire israélienne citée par le quotidien israélien Haaretz, il s’agit d’une attaque prévisible : au cours des dernières semaines, des informations ont été reçues concernant des intentions d’attaquer la communauté juive australienne, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
Le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar se déclare « consterné » par cette fusillade meurtrière. « Ce sont les conséquences de la vague d’antisémitisme qui a déferlé dans les rues d’Australie ces deux dernières années », affirme le ministre qui appelle le gouvernement australien à « se ressaisir ». Plusieurs autres ministres israéliens ont directement proposé de venir en aide à la communauté juive australienne, tandis que des sources au sein du ministère de l’Immigration ont renouvelé leurs attentes sur une vague de migration de Juifs vers Israël, face à la dégradation du climat de sécurité dans plusieurs pays occidentaux. Le chef de l’Association juive d’Australie est allé dans ce sens, évoquant une « tragédie (…) tout à fait prévisible ».
Une série d’attaques antisémites a semé la peur parmi les communautés juives d’Australie depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la guerre qui s’en est suivie à Gaza. Le gouvernement australien a accusé l’Iran d’être à l’origine de deux de ces attaques et a expulsé l’ambassadeur de Téhéran il y a près de quatre mois. Aucune victime n’avait été signalée lors de ces deux attaques.

Réactions internationales
Le Conseil national des imams australiens a condamné cette « attaque traumatisante ». « C’est le moment pour tous les Australiens, y compris la communauté musulmane australienne, de se serrer les coudes dans l’unité, la compassion et la solidarité », a ajouté cette organisation.
La France « continuera de lutter sans faiblesse contre la haine antisémite », a assuré le président français Emmanuel Macron, peu après l’annonce de cette attaque. « L’Europe est aux côtés de l’Australie et des communautés juives partout. Nous sommes unis contre la violence, l’antisémitisme et la haine », a écrit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a qualifié l’attaque de « répugnante », ajoutant que le Royaume-Uni « sera toujours aux côtés de l’Australie et de la communauté juive ». Quant au chancelier allemand Merz, il se dit « sans voix » après la tuerie de Sydney.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est également dit « horrifié », et a condamné « fermement l’odieuse attaque meurtrière » contre « des familles juives réunies à Sydney pour célébrer Hanoukka ».
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé sur X la « solidarité » de son pays « face à la brutale attaque terroriste (…) qui visait la communauté juive au début de Hanoukka ». Les États-Unis ont, quant à eux, condamné « fermement » cette attaque. « L’antisémitisme n’a pas sa place dans ce monde. Nos prières sont avec les victimes de cette horrible attaque, la communauté juive, et le peuple d’Australie », a écrit le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, sur X. L’Iran a aussi condamné cet acte qualifié de « terroriste ».
Le roi Charles III, chef d’État de l’Australie, s’est dit dimanche « horrifié » par la fusillade meurtrière à Sydney. L’Union a « condamné fermement l’odieux attentat terroriste perpétré contre une communauté juive à Sydney ». Le ministère palestinien des Affaires étrangères a lui aussi condamné cette attaque, assurant rejeter « toutes formes de violence, de terrorisme et d’extrémisme, qui sont contraires aux valeurs humanitaires et aux principes moraux. »
Un peu plus de 100 000 Juifs vivent actuellement en Australie. Ils représentent moins d’1% de la population, mais ils sont bien intégrés dans le pays, selon les représentants de la communauté, implantés principalement à Melbourne et Sydney.
Les premiers Juifs sont arrivés à la fin du XVIIIe siècle, lors de la colonisation européenne de l’Australie, avec la « Première flotte » en provenance de Grande-Bretagne et l’établissement d’une colonie pénitentiaire dans ce qui est aujourd’hui Sydney. Cette communauté grandit au fil des années, puis au XXe siècle, intègre de nombreux Juifs fuyant les pogroms en Russie et en Pologne puis la montée du nazisme en Allemagne, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Une autre vague de migration, en provenance de l’ex-Union soviétique, a lieu dans les années 1980-1990.
Il y a un an, la communauté juive alertait sur une recrudescence des actes et des menaces antisémites en Australie, dans le contexte de guerre à Gaza. Ses représentants parlaient alors de faits sans précédent, jusqu’à l’attaque de ce dimanche à Sydney.