
« Il doit démissionner » : dans les colonnes du New York Times, Bernie Sanders n’y va pas par quatre chemins. Le sénateur du Vermont accuse Robert Kennedy Junior de « ruiner le secteur de la santé aujourd’hui et pour des années à venir », rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki.
« À la tête du département de la Santé, monsieur Kennedy utilise son autorité pour mener une guerre contre la science, la santé publique et contre la vérité elle-même », écrit le démocrate qui dénonce notamment les positions de Robert Kennedy Junior sur les vaccins.
Une « menace pour la santé publique »
Bernie Sanders se joint ainsi aux voix qui appellent à la démission du ministre de la Santé de Donald Trump. La semaine dernière, plus de 750 personnes travaillant pour différentes agences de santé américaines ont signé une lettre accusant leur patron d’être « une menace pour la santé publique ».
Le ministre de la Santé vaccinosceptique Robert Kennedy Jr. est en conflit ouvert avec les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), organisme national de santé qu’il chapeaute. Cela s’est accentué depuis que son ministère a annoncé cette semaine le limogeage de la directrice Susan Monarez, après moins d’un mois en poste.
Cette décision a provoqué un vent de critiques, y compris de la part de certains républicains. Critique réitérée par Bernie Sanders qui dénonce une manipulation politique visant, selon lui, à éliminer toutes les voix dissidentes.
D’anciens directeurs de l’agence sanitaire s’alarment d’un risque de « destruction » de la santé publique
D’ex-directeurs de l’agence sanitaire américaine se sont alarmés dimanche de la « destruction » de la politique de santé publique, notamment en matière de vaccination, par l’administration de Donald Trump, accusée de politiser et d’« idéologiser » la science.
Après le limogeage de Susan Monarez, après moins d’un mois en poste, c’est le patron au sein des CDC de la politique de vaccination et de lutte contre les maladies respiratoires – comme le Covid-19 – qui a également claqué la porte, ainsi que plusieurs hauts responsables. « Cela fait des mois que je suis inquiet », a déclaré le médecin Demetre Daskalakis sur ABC News. Mais « je n’imaginais pas que (…) la frontière entre la science et l’idéologie serait totalement abattue », a fustigé M. Daskalakis.
Selon ses avocats, Susan Monarez avait refusé « de valider des directives non scientifiques et dangereuses » souhaitées par le ministre Kennedy. En lieu et place de cette scientifique de profession, la Maison Blanche va nommer Jim O’Neill, bras droit de RFK Jr et ex-financier de la Tech, comme directeur par intérim des CDC, a rapporté le Washington Post.
« Ne pas avoir un dirigeant scientifique à la tête des CDC signifie que nous ne pourrons pas négocier avec le ministère de la Santé pour véritablement mettre en œuvre une bonne politique de santé publique », a déploré M. Daskalakis. Pire, pour Tom Frieden, qui a dirigé les CDC de 2009 à 2017 sous les deux présidences du démocrate Barack Obama, « la santé publique est attaquée ». « Ce à quoi nous assistons est sans précédent. Jamais un directeur des CDC n’avait été limogé », a-t-il relevé sur CNN à propos de Mme Monarez qui avait été nommée il y a quelques semaines par M. Kennedy.
Selon M. Frieden, « il n’est plus possible d’avoir confiance dans ce qui émane du ministère de la Santé ou des CDC ». Il a encore dénoncé « les nombreux dégâts » infligés à « la lutte contre le tabac, aux avancées pour la qualité de l’eau du robinet » et « le démantèlement des infrastructures de vaccination ». « Ils détruisent nos protections en matière de santé. Nous sommes moins protégés », a conclu le médecin.