Sous pression, Annie Genevard se rendra en Occitanie pour « assister aux débuts de la vaccination sur ce territoire » pour un million de bêtes. Mais le gouvernement reste très prudent quant à une possible généralisation de la vaccination. Celle-ci « placerait la France comme une zone à risque et donc ça ferait peser un risque économique sur toute la filière agricole », a plaidé dimanche Sébastien Martin, ministre délégué chargé de l’Industrie.
De leur côté, les éleveurs de bovins multiplient les actions dans tout le Sud-Ouest comme dans le reste du territoire français. Ils contestent la gestion de l’épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) de la ministre de l’Agriculture.
« Il y a des nouveaux blocages en cours (…) ça continue et ça se développe », a déclaré à l’AFP Bertrand Venteau, président de la Coordination rurale, syndicat très remonté, comme la Confédération paysanne, contre l’abattage généralisé des bêtes des foyers affectés. La Coordination rurale exige une large vaccination du cheptel français – c’est-à-dire de 16 millions de bovins- contre cette maladie non transmissible à l’homme.
Mobilisation générale
Sur l’A64, bloquée depuis vendredi soir sur plus d’une centaine de kilomètres du Pays basque à l’est de Tarbes par des dizaines de tracteurs, des agriculteurs ont installé des sapins de Noël. À Millau, une vingtaine de tracteurs ont déversé lisier, foin, pneus et ordures devant et dans la cour de la sous-préfecture de l’Aveyron, selon un photographe de l’AFP.
D’autres agriculteurs se mobilisent près de Montpellier ou à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), avant de nouveaux appels au blocage en soirée à Bordeaux et en Dordogne. Dans l’Hérault, le sous-préfet de Lodève Éric Suzanne évoque une manifestation « limitée » mais rapporte « beaucoup plus de difficultés en Lozère et dans l’Aveyron, sur l’A75 ».
Les éleveurs du Doubs, leur famille et des sympathisants ont répondu à l’appel de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale. Ils ont manifesté leur opposition au protocole sanitaire de l’État ce samedi devant la gare Viotte de Besançon. Une trentaine de tracteurs les accompagnaient. Tout s’est déroulé dans le calme, même si leurs revendications n’ont pas été satisfaites.
« Nous sommes contre l’abattage total »
Florian Dirand, jeune éleveur de bovins à Saint-Bresson en Bourgogne-Franche-Comté, explique qu’en cas d’abattage la perte n’est pas que financière, « on abat aussi le travail des anciens ». « Ce sont nos grands-parents qui ont commencé, qui se sont battus pour garder les élevages. C’est la sueur de leur front, un travail de dur labeur pour en arriver là où on en est », témoigne-t-il auprès de RFI.
L’État s’engage à indemniser l’éleveur en cas d’abattage du troupeau. « Le premier acompte, il sert tout simplement à payer la désinfection, parce que l’État prend en charge la désinfection des bâtiments, mais il faut avancer l’argent », explique Florian Dirand. L’éleveur donne un autre exemple concret. « Le problème qui se pose dans certains élevages, c’est qu’aujourd’hui, il y a les bâtiments où étaient les animaux qui doivent être vidés. Aujourd’hui, l’État et les services vétérinaires ne savent pas si l’éleveur peut les vider de lui-même (…) Pour l’instant, ils ne savent rien. Il y a quand même des points d’interrogation par rapport à pas mal de sujets. »
Ce qui est clair en revanche, et qui indigne le jeune homme, c’est que l’assurance, la Mutualité sociale agricole, prélève 30% sur l’indemnité totale que perçoit l’éleveur.
Il faut adopter une stratégie vaccinale afin de vacciner tous les troupeaux dans les zones les plus concernées, les plus urgentes à faire. Ensuite, nous sommes contre l’abattage total, nous sommes pour un abattage sélectif des bêtes contaminées, là-dessus il n’y a pas de discussion, et ensuite un confinement des animaux avec un suivi strict des vétérinaires et des protocoles à respecter, bien entendu, de la part de l’éleveur pour éradiquer cette maladie.