
Les États-Unis et l’Ukraine ont affirmé le soir du 23 novembre dans un communiqué de la Maison Blanche qu’un « futur accord » de paix pour mettre fin au conflit avec la Russie « devra pleinement respecter la souveraineté » de Kiev, à l’issue de pourparlers à Genève entre responsables américains, ukrainiens et européens. La présidence américaine a par ailleurs salué des discussions en Suisse, en présence du secrétaire d’État Marco Rubio, qui ont constitué « un pas en avant significatif » vers un règlement de paix en Ukraine.
À l’issue des discussions, le secrétaire d’État américain s’est dit « optimiste » sur la possibilité de conclure un accord « très vite ». « Nous avons fait d’énormes progrès » et « je suis donc très optimiste quant à la possibilité que nous allons y arriver dans un délai très raisonnable, très vite », a-t-il déclaré aux journalistes.
Aux côtés du négociateur de Kiev, Andriï Iermak, Marco Rubio avait déjà salué les « bons progrès » dans les pourparlers en cours à Genève sur le plan de Trump pour mettre fin à la guerre avec la Russie. « Je pense que nous avons probablement eu la réunion la plus productive et significative jusqu’à présent dans tout ce processus », avait déclaré Marco Rubio aux journalistes.
Au cours de la journée, Roustem Oumerov, à la tête du Conseil de sécurité ukrainien avait lui déclaré sur Facebook : « La version actuelle du document, bien qu’elle en soit encore aux dernières étapes de son approbation, reflète déjà la plupart des priorités clés de l’Ukraine ». Qualifiant de « constructive » la coopération avec les États-Unis, il a salué « l’attention qu’ils accordent » aux « commentaires » des Ukrainiens.
Un post qui intervient alors que le président américain Donald Trump accuse l’Ukraine de ne faire preuve d’« aucune gratitude » à l’égard des États-Unis, alors qu’il tente d’imposer un accord pour mettre fin au conflit, contesté par Kiev.
Dans un message sur Truth Social, le président américain s’en prend également aux Européens, « qui continuent d’acheter du pétrole à la Russie », ainsi qu’à son prédécesseur Joe Biden, qu’il accuse d’inaction au début du conflit. « J’ai hérité d’une guerre qui n’aurait jamais dû arriver, perdante pour tout le monde », écrit le président en lettres majuscules sur son réseau social. « Les responsables ukrainiens n’ont exprimé aucune gratitude pour nos efforts, et l’Europe continue d’acheter du pétrole à la Russie », poursuit-il. « Les États-Unis continuent de vendre des quantités massives d’armes à l’Otan pour distribution à l’Ukraine (Joe la Crapule a tout donné, gratuit, gratuit, gratuit, y compris de « grosses » sommes d’argent !) », ajoute le président.
Mais le président Zelensky a par la suite déclaré qu’il était « personnellement » reconnaissant envers Donald Trump. « L’Ukraine est reconnaissante envers les États-Unis, envers chaque cœur américain et personnellement envers le président Trump pour l’aide qui, à commencer par les Javelin [des missiles antichar de fabrication américaine, NDLR], a sauvé des vies ukrainiennes », a affirmé Volodymyr Zelensky dans un message sur X.
Des éléments « basés sur les perspectives ukrainiennes »
Le président ukrainien avait estimé plus tôt dans la journée que « les propositions américaines pourraient inclure un certain nombre d’éléments basés sur les perspectives ukrainiennes et essentiels pour les intérêts nationaux de l’Ukraine ».
« Les travaux se poursuivent afin de rendre tous ces éléments véritablement efficaces pour atteindre l’objectif principal attendu par notre peuple : mettre enfin un terme au bain de sang et à la guerre », a-t-il indiqué sur X. Il a qualifié de « positif » le fait que la diplomatie ait été relancée, à ce stade sans la participation de la Russie.
La première version du plan proposé par les États-Unis pour l’Ukraine avait été repoussée vendredi par Volodymyr Zelensky, qui avait promis des « alternatives » à Washington.
Derrière ces échanges, on sent que Kiev fait tout pour ménager la relation très compliquée avec les États-Unis. Avec les Européens en médiateurs. À Genève, ils ont proposé une version amendée du plan de paix. Pour limiter les concessions territoriales que pourrait faire l’Ukraine, rapporte notre correspondant à Genève, Jérémie Lanche.

Merz sceptique sur les chances d’un accord avant jeudi
Le plan présenté par le président américain a mis un vrai coup de pression sur les alliés européens de l’Ukraine. Ils ont été complètement tenus à l’écart de la rédaction du texte. Depuis plusieurs jours, c’est le branle-bas de combat : coups de fil à répétition, réunions en urgence, et surtout une demande très claire — rouvrir des négociations. Cette fois, disent-ils, ils veulent être autour de la table.
À Genève, M. Rubio a rencontré dans la matinée le négociateur de Kiev, Andriï Iermak, qui s’est également entretenu avec des représentants du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne. Une nouvelle réunion bilatérale s’est déroulée dans l’après-midi entre Américains et Ukrainiens au sein de la Représentation américaine à Genève, proche de l’ONU.
Le chancelier allemand Friedrich Merz s’est dit lui « sceptique » sur les chances de parvenir à un accord sur le plan d’ici le 27 novembre. Il a indiqué avoir fait une proposition, actuellement en discussion à Genève, qui pourrait permettre de « faire au moins un premier pas jeudi [27 novembre, date que Donald Trump avait imposé aux Ukrainiens pour valider le plan, NDLR] » Les Européens cherchent par tous les moyens à ne pas être tenus à l’écart des tractations autour du plan.
Il s’agit maintenant, sur la base du plan en 28 points présenté par le gouvernement américain, d’élaborer un document susceptible de déboucher sur un accord, un document que l’Ukraine puisse en quelque sorte proposer et accepter dans le cadre d’une négociation avec la Russie. J’ai fait une nouvelle proposition, qui reste en quelque sorte en deçà d’une solution complète. Je ne souhaite pas entrer davantage dans les détails ici, car cela fait actuellement l’objet de négociations à Genève. Pour nous, il est important que nous parlions d’une seule voix en Europe. C’est ce que nous faisons, et il est essentiel pour nous de nous coordonner avec les Américains et les Ukrainiens sur la manière dont nous allons gérer ce dossier dans les prochains jours. Je ne suis toujours pas — je ne dirais pas pessimiste — mais je ne suis pas convaincu pour l’instant que nous arriverons, dans les jours à venir, à la solution souhaitée par le président Trump.