
L’administration américaine justifie son refus de visas à la délégation palestinienne en invoquant un motif de « sécurité nationale » : elle accuse l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), « de ne pas tenir leurs engagements et de compromettre les perspectives de paix ».
Le département d’État a accusé les Palestiniens de se servir de la justice à des fins illégitimes en se tournant vers la Cour pénale internationale (CPI) et la Cour internationale de Justice (CIJ) pour résoudre leurs contentieux avec Israël. L’Autorité palestinienne doit mettre fin aux « tentatives pour contourner les négociations à travers des guerres judiciaires internationales » et aux « efforts pour obtenir la reconnaissance unilatérale d’un État palestinien », dit le texte. Un message de soutien, une fois de plus, à Israël, qui continue pourtant de bombarder la bande de Gaza.
Une décision « en contradiction avec le droit international »
Gideon Saar, le ministre israélien des Affaires étrangères, a remercié l’administration Trump sur les réseaux sociaux pour « cette étape courageuse » et pour « soutenir Israël une nouvelle fois ». L’Autorité palestinienne a en retour exprimé « son profond regret et son étonnement » face à cette décision qui est « en contradiction avec le droit international », et a appelé Washington à « revenir » dessus.
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré de son côté qu’il était « important » que tous les États et les observateurs permanents, y compris les Palestiniens, soient représentés lors d’un sommet prévu la veille du début de l’Assemblée générale. « Nous espérons évidemment que cela sera résolu. »
Le ministère français des Affaires étrangères a également réagi. L’Onu « ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », déclare le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. « Le siège des Nations Unies est un lieu de neutralité. C’est un sanctuaire, au service de la paix. Une Assemblée générale des Nations Unies ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », a déclaré M. Barrot à Copenhague, peu avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
Une interdiction également dénoncée par Xavier Bettel, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. « On ne peut pas nous prendre en otage », a-t-il lancé, suggérant d’organiser à Genève une session spéciale de l’AG de l’ONU pour s’assurer de la présence des Palestiniens. « On doit pouvoir discuter ensemble, on ne peut pas tout simplement dire qu’on exclut la Palestine du dialogue », a affirmé M. Bettel devant la presse à Copenhague.
Une situation qui n’est pas inédite
Les États-Unis, qui accueillent sur leur sol, à New York, le siège de l’ONU, ne sont pas censés refuser des visas aux délégations qui s’y rendent. Dans le passé toutefois, cela s’est déjà produit. En 1988, Yasser Arafat, le chef historique de l’OLP, s’était vu refuser un visa d’entrée. L’Assemblée générale de l’ONU avait alors organisé une session spéciale à Genève, où elle avait reconnu la déclaration d’indépendance de la Palestine.
En 2013, c’est Omar el-Béchir, l’ancien président soudanais qui avait été décrété persona non grata à New York. À l’époque, il était sous un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, entre autres pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Tout comme l’est aujourd’hui Benyamin Netanyahu, le Premier ministre israélien. La chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a émis le jeudi 21 novembre 2024 des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui auraient été commis dans la bande de Gaza. Elle a également émis un mandat d’arrêt contre le dirigeant de la branche armée du Hamas, le Palestinien Mohammed Deif, décédé depuis.