« Élections! Maintenant! », « Ramenez les otages! Maintenant! » Ce sont les slogans qui ont été scandés par des dizaines de milliers de manifestants un peu partout en Israël, en particulier à Tel Aviv et Jérusalem.
Politique et émotion se mêlent intimement dans les cortèges. À la veille du début du Ramadan, ils sont nombreux à Jérusalem à demander une trêve et un échange de prisonniers, rapporte notre correspondant, Michel Paul. Ceci, à l’image d’Avner Wishnitzer, l’un des dirigeants de l’ONG Combattants pour la Paix.
« Moi personnellement, je pense que cette tuerie est contraire aux règles éthiques humaines les plus élémentaires. Et c’est aussi opposé aux intérêts israéliens. Il faut tout faire pour obtenir un cessez-le-feu, et aussi le retour des otages. Ils meurent là-bas. C’est un devoir envers les citoyens qui ont été abandonnés par le pays », estime-t-il.
Manque de partenaires côté palestinien
Plus nuancé, Danny Sebban souligne le manque de partenaires côté palestinien. « Nous, on est dans le camp de ceux qui pensent et qui ont toujours misé sur une solution diplomatique : pas par la force, pas par la guerre. Cette guerre nous a été imposée, il ne faut pas l’oublier. Aujourd’hui, vous avez un camp de la paix qui est énorme en Israël. On aimerait beaucoup avoir des interlocuteurs au sein des Palestiniens – sûrement pas le Hamas – pour pouvoir aller au-delà et arrêter un blocus éventuel. Pourquoi pas ? »
Partout dans le cortège de Tel Aviv, c’est le même constat d’un « immense fossé » qui s’est creusé entre le peuple et son gouvernement. Beaucoup rappellent que Benyamin Netanyahu, accusé de fraude et de corruption, devra faire face à la justice s’il doit quitter le pouvoir.
Après le blocage temporaire d’une autoroute par une centaine de personnes, dont seize ont été interpellées, la police a dispersé la manifestation avec des canons à eau. Pour l’heure, les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza pendant le mois du Ramadan toujours au point mort. Selon le Mossad, le Hamas a durci ses exigences pour enflammer la région au cours des prochaines semaines.
Ils étaient 200 à 300 manifestants à défiler ce samedi dans la ville arabe israélienne d’Umm al-Fahm, afin de réclamer la fin de la guerre à Gaza, rapporte notre envoyée spéciale sur place, Murielle Paradon.
Avec slogans pour un cessez-le-feu à Gaza, scandés en hébreu dans cette ville arabe du nord d’Israël, il s’agit d’une manifestation assez rare, où communautés juive et arabe défilent côte à côte.
Hagaï a la soixantaine, il fait partie du mouvement « Debout ensemble ». « C’est important de montrer aux citoyens arabes d’Israël que nous nous préoccupons des gens qui meurent à Gaza, dit-il. Tous les juifs israéliens ne sont pas pour la guerre. » Même s’il admet qu’ils ne sont pas nombreux à soutenir un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne.
Ania, étudiante de 24 ans, est venue de Jérusalem. Elle se dit choquée par les images de bombardements et de famine à Gaza. La jeune femme dénonce l’« oppression » du gouvernement israélien et espère un avenir fait de « respect mutuel et de coexistence pacifique » avec les Palestiniens.
C’est ce que souhaite également Sara, une médecin d’Umm al-Fahm qui se présente comme Palestinienne citoyenne d’Israël. « On veut stopper la guerre, des deux côtés, israélien et palestinien, clame-t-elle. On travaille ensemble, on vit ensemble. Alors, on veut vivre en paix. »
Pour Youssef Jabareen, ancien député de l’alliance de gauche Hadash, la solution est uniquement politique : « D’abord, il faut contrer la politique du gouvernement israélien, mais nous appelons aussi la communauté internationale à se mobiliser pour stopper la guerre et s’engager dans une solution pour une paix juste à travers la création d’un État palestinien, aux côtés d’Israël ».
Pour ces manifestants qui brandissent des banderoles appelant à mettre « fin au bain de sang à Gaza », il n’y a pas de solution militaire.