
L’occasion était parfaite. En visite à Abou Dhabi, c’est devant un parterre de soldats et d’une poignée de ministres réunis à l’occasion du Noël avec les troupes que le président français, Emmanuel Macron, a annoncé le lancement d’un chantier d’un nouveau porte-avions. « La décision de lancer en réalisation ce très grand programme a été prise cette semaine », a-t-il précisé, actant donc sa mise en œuvre.
Selon le chef de l’État, la décision survient « conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, et après un examen complet et minutieux ». L’annonce du lancement officiel de la construction, qui n’est pas une surprise puisqu’il était inséré dans la loi de programmation militaire 2024-2030, était très attendue malgré l’impasse budgétaire dans laquelle se trouve le gouvernement.
À l’heure des prédateurs, nous devons être forts pour être craints et en particulier forts sur les mers. Voilà pourquoi, conformément aux deux dernières lois de programmation militaire, j’ai décidé de doter la France d’un nouveau porte-avions. Ce chantier va directement irriguer notre économie et les 800 fournisseurs, dont 80 % sont des PME impliquées dans la construction. Je me déplacerai sur le chantier en février prochain afin de les rencontrer. Ce nouveau porte-avions sera l’illustration de la puissance de notre nation, puissance de l’industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps.
Au total, près de 800 fournisseurs seront mobilisés. Emmanuel Macron, qui s’est engagé à être « le garant de cet engagement », se rendra, en février, sur le chantier de construction du vaisseau qui remplacera le Charles de Gaulle. Le nouveau géant des mers, qui verra le jour à Saint-Nazaire, pourrait devenir le plus grand bâtiment de guerre jamais construit en Europe. Des travaux ont déjà débuté, notamment sur les chaufferies nucléaires et la construction puis les différents essais prendront des années.
Lui aussi à propulsion nucléaire, le nouveau porte-avions sera beaucoup plus massif que l’actuel. Il fera près de 80 000 tonnes pour environ 310 mètres de long, contre 42 000 tonnes pour 261 mètres pour le Charles de Gaulle. Avec un équipage de 2 000 marins, il pourra embarquer 30 avions de combat. Si certains experts spéculent sur son prix, qui devrait avoisiner les 10 milliards d’euros, le coût total de l’opération sera dévoilée en février.
Un porte-avions, c’est la convergence d’une décision politique, puisqu’on veut un outil stratégique de cette nature, et d’un besoin, notamment pour gérer des crises. Et il faudra déterminer le type d’armement qu’il sera amené à emporter. Y compris, à mon avis, des drones. Des drones maritimes, des drones sous-marins. Le terme porte-avions, lors de sa livraison, sera sans doute dépassé. Ce sera un porte systèmes d’armes diverses et variées. Il conviendra alors de trouver un terme idoine. Il ne pourra en tout cas pas se contenter d’emporter des avions de combat tels qu’on les conçoit aujourd’hui. Certainement il y aura un effort tout à fait particulier de fait sur sa protection de manière générale. Cela peut être des systèmes d’auto-protection embarqué sur le porte-avions lui-même ou au travers de la flotte qui doit l’accompagner.
Le Charles de Gaulle obsolète ?
« Ce nouveau porte-avions sera l’illustration de la puissance de notre nation, puissance de l’industrie, de la technique, puissance au service de la liberté sur les mers et dans les remous du temps », a martelé le président français.
Un seul bâtiment, en l’occurrence le Charles De Gaulle, est disponible 65% du temps, selon la Marine. Un décalage de la construction et donc de l’entrée en service de son successeur laisserait la Marine sans porte-avions.
Une étude menée à l’occasion du prochain arrêt technique majeur du Charles de Gaulle permettra de dire en 2029 si le bâtiment peut être prolongé de quelques années au-delà de 2038, en fonction de l’état de ses chaufferies nucléaires et de sa structure. Une obsolescence programmée qui correspondrait à l’année de mise en service de son successeur, prévue en 2038.