Guerre en Ukraine: à Istanbul, des pourparlers de paix directs sans Vladimir Poutine

Des soldats russes dans la région de Koursk, le 14 mars 2025 (illustration).
Des soldats russes dans la région de Koursk, le 14 mars 2025 (illustration). © Russian Defense Ministry Press Service via AP

Ira, n’ira pas ? Pendant trois jours, la question de la présence de Vladimir Poutine aux pourparlers de paix entre Kiev et Moscou est restée en suspens. Tout comme celle de la composition de la délégation russe qui se rendra ce jeudi à Istanbul pour échanger directement avec des représentants ukrainiens sur l’issue du conflit qui oppose les deux pays depuis trois ans. Ce n’est que ce mercredi soir, à quelques heures seulement de l’ouverture des discussions, que le Kremlin a levé le mystère.

Selon la liste publiée par la présidence russe, la délégation sera menée par le conseiller présidentiel Vladimir Medinski, le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Galouzine et le vice-ministre de la Défense Alexandre Fomine. Mais de Vladimir Poutine, point.

Le chef du Kremlin était pourtant pressé de toutes parts pour assister en personne à ces discussions qu’il a lui-même proposées. Volodymyr Zelensky avait ainsi estimé que son absence serait « le signal ultime » que Moscou ne veut pas arrêter la guerre. Pour augmenter les chances de voir le chef du Kremlin à Istanbul, le dirigeant ukrainien avait même exhorté Donald Trump, qui pousse Moscou et Kiev à arrêter les combats, à montrer l’exemple. « C’est une possibilité », avait glissé le locataire de la Maison Blanche ce mercredi, tout en précisant que son programme de jeudi était « complet ». Peu avant l’annonce de la présidence russe, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva avait appelé Vladimir Poutine à faire le déplacement.

Le secrétaire d’État américain attendu vendredi

La composition exacte de la délégation ukrainienne reste, elle aussi, floue pour le moment. Volodymyr Zelensky sera en tout cas sur place : le président ukrainien a d’ores et déjà dit qu’il sera à Ankara pour rencontrer son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Tout comme son ministre des Affaires étrangères, qui a annoncé se rendre à Antalya, où se tient la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan au même moment. Côté américain, le secrétaire d’État Marco Rubio est attendu vendredi sur les rives du Bosphore pour participer aux discussions.

Ces pourparlers de paix directs entre Ukrainiens et Russes seront les premiers depuis l’échec des discussions initiales qui s’étaient tenues dans la foulée du déclenchement de l’offensive russe à grande échelle en février 2022. Depuis, la Russie et l’Ukraine campent sur des positions opposées. Vladimir Poutine réclame inlassablement la reddition de l’Ukraine, son renoncement à rejoindre l’Otan et l’assurance de garder les territoires ukrainiens annexés par Moscou. Des conditions inacceptables pour Kiev et ses alliés.

Kiev veut, de son côté, des « garanties de sécurité » solides pour prévenir toute nouvelle attaque russe et que l’armée du Kremlin, qui contrôle environ 20% du territoire ukrainien, se retire de son sol, malgré les appels de Moscou à accepter « les nouvelles réalités » du terrain. Les Européens, alliés de l’Ukraine, mais qui peinent à se faire entendre, ont menacé la Russie de sanctions « massives » si celle-ci n’acceptait pas un cessez-le-feu dans les prochains jours. En attendant, l’UE a approuvé mercredi un 17e paquet de sanctions visant notamment la flotte « fantôme » de pétroliers qui aide Moscou à contourner les restrictions occidentales.

Parmi les pays proches de la Russie, la Turquie, qui avait accueilli une partie des premiers pourparlers en 2022, a salué ces derniers jours un « tournant historique » à l’annonce de la reprise attendue des discussions directes, tandis que la Chine, alliée fidèle de Moscou, a dit espérer un accord de paix « durable et contraignant ».

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