Selon le plan, approuvé par le cabinet israélien dans la nuit du 7 au 8 août, l’armée israélienne « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat », indique ce communiqué, cité par l’AFP.
« Le cabinet de sécurité, par un vote à la majorité, a adopté cinq principes pour conclure la guerre : le désarmement du Hamas, le retour de tous les otages, vivants et morts, la démilitarisation de la bande de Gaza, le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza, l’établissement d’une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas, ni l’Autorité palestinienne », ajoute le texte.
« Une majorité décisive des ministres du cabinet a par ailleurs estimé qu’un plan alternatif », soumis à l’examen des ministres, « ne permettrait ni de vaincre le Hamas ni de récupérer les otages », précise le communiqué, sans donner plus de détails.
« Intérêts personnels »
« Les plans de Netanyahu (…) confirment sans l’ombre d’un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste », avait affirmé, hier, jeudi 7 août, le Hamas, qui détient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.
Dénonçant « un revirement flagrant du processus de négociation (…) malgré la proximité d’un accord final », le Hamas assure que « toute escalade (…) ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux » pour Israël.
Des premières réactions antiguerre en Israël
À Tel Aviv, devant le siège local du Likoud, le parti d’extrême droite du Premier ministre Benyamin Netanyahu, des manifestants s’étaient donnés rendez-vous pour dénoncer les décisions militaires de leurs dirigeants. C’est le cas d’Iris, qui a participé au rassemblement : « C’est vraiment difficile d’admettre que quelqu’un qui a grandi ici, à nos côtés, est prêt à sacrifier chacun d’entre nous pour rester au pouvoir. En ce qui le concerne… nous pouvons tous aller en enfer », glisse-t-elle, interrogée par notre envoyé spécial à Tel Aviv, Nicolas Falez.
Les manifestants jugent que ce nouveau virage dans la guerre met en danger la vie des otages. Une peur doublée de celle de voir de nouveaux soldats israéliens tomber dans les futures opérations. « J’ai 18 ans, je dois aller à l’armée bientôt et j’ai peur… j’ai super peur. Je ne veux pas y aller parce que putain, c’est effrayant », glisse un jeune homme présent devant le siège du Likoud.
Si le camp antiguerre reste minoritaire au sein de l’État hébreu, certains n’hésitent pas, comme Yossi, un manifestant, à évoquer également le sort des « innocents de Gaza », ou à brandir, chose nouvelle dans l’espace public israélien, des pancartes dénonçant un génocide en cours dans la bande de Gaza.
Un quotidien sous les bombes
Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d’évacuation. Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.
L’ONU a d’ailleurs immédiatement condamné l’annonce israélienne. Le plan du gouvernement israélien « visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé », a déclaré le Haut-Commissaire aux droits de l’homme Volker Türk dans un communiqué. L’opération militaire prévue « va à l’encontre de la décision de la Cour internationale de Justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible », accuse Volker Türk, qui estime que cette nouvelle escalade de la guerre entraînera « plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces. »
L’Allemagne, l’un des plus fidèles soutiens d’Israël, a quant à elle annoncé la suspension des exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser dans la bande de Gaza. Il devient « de plus en plus difficile de comprendre » en quoi le plan militaire israélien permettrait d’atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, « dans ces circonstances, le gouvernement allemand n’autorise pas, jusqu’à nouvel ordre, les exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza », a déclaré le chancelier allemand Friedrich Merz, cité dans un communiqué.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer a jugé que l’intensification de l’offensive israélienne à Gaza était « une erreur » et a exhorté Israël à la « reconsidérer immédiatement ». Enfin, le chef de la diplomatie espagnole Manuel Albares a condamné la décision d’Israël et a réaffirmé l’urgence d’un cessez-le-feu permanent, de l’entrée massive d’aide humanitaire, et de la libération de tous les otages, tout en appelant à une solution à deux États.
Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans cet étroit territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61 258 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU.