Malgré les appels de sa majorité à rester en dehors de la campagne des législatives anticipées, le chef de l’État prend à nouveau la parole pour justifier la dissolution et soutenir son propre camp. « J’ai entendu que vous vouliez que cela change » : ce dimanche 23 juin, c’est un président et un chef de parti en campagne qui s’est adressé aux Français via une lettre publiée par plusieurs titres de presse régionale.
Un écrit qui commence par une très longue justification de sa décision d’avoir enclenché une dissolution. Emmanuel Macron reconnaît d’ailleurs même qu’elle a été « une surprise qui suscite de l’inquiétude, du rejet, parfois même une colère », tournée contre lui. Mais il explique avoir pris la décision de la dissolution « dans l’intérêt du pays avant toute autre considération ».
En disant mesurer « le malaise démocratique », M. Macron admet que « la manière de gouverner doit changer profondément ». Et quand bien même son camp se trouve en difficulté dans les sondages, il a juré d’« agir jusqu’en mai 2027 », battant ainsi en brèche l’idée portée par certains de ses adversaires, Marine Le Pen en tête, qu’il soit contraint à la démission en cas de défaite.
Émilie Zapalski, communicante politique et fondatrice de l’agence Émilie Conseil
Parmi ses promesses, « des réponses beaucoup plus fortes et fermes », sur « l’insécurité, l’impunité ». « Le prochain gouvernement devra refonder la politique de l’enfance, protéger mieux nos jeunes et lutter plus fortement contre toutes les discriminations », plaide-t-il aussi en relevant la « demande forte de justice sociale ».
Le propos est également émaillé d’attaques dirigées contre l’extrême-droite qui « prétend mieux répondre à l’immigration illégale sans rien proposer concrètement », mais aussi contre l’extrême-gauche qui « refuse la clarté sur la laïcité et l’antisémitisme ». Le chef de l’État fait donc campagne, sans se cacher, pour les candidats d’« Ensemble pour la République », nouvelle bannière du camp présidentiel. Cette troisième voie est « la meilleure pour le pays. N’ayez pas peur, ne vous résignez pas, votez » écrit-il.
« Aujourd’hui, la coalition, ça n’est pas une option, c’est une obligation »
Le constat de « changement » est largement partagé par ses ouailles, à commencer par Gabriel Attal, persuadé de pouvoir déjouer les pronostics dans un paysage politique sensiblement polarisé autour de trois offres : celle du Rassemblement national et de ses alliés de droite, créditée de 35% à 36% des intentions de vote selon les enquêtes du week-end ; celle du Nouveau Front populaire (27% à 29,5%) ; et le camp macroniste, à la traîne (19,5 à 22%).
En écho, et même si ses troupes multiplient les mains tendues à droite comme à gauche, M. Macron a dit souhaiter un gouvernement qui « rassemblera les républicains de sensibilités diverses qui auront su par leur courage s’opposer aux extrêmes ». Enfin, le chef de l’État demande à chaque français de lire les programmes électoraux et de se déplacer pour aller voter.
« Aujourd’hui, la coalition, ça n’est pas une option, c’est une obligation pour préserver la France qu’on aime », a insisté auprès de l’AFP la présidente sortante de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.