Les événements au Liban se précipitent. Au moins 20 personnes ont été tuées mercredi 18 septembre dans de nouvelles explosions d’appareils de transmission, a annoncé le ministère de la Santé du Liban, faisant également état de plus de 450 blessés. Des talkies-walkies, des téléphones portables et d’autres moyens de communication auraient servi de détonateurs, dont certains ayant explosé lors de cortèges funéraires pour les victimes des explosions de la veille.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, de nombreuses ambulances et des camions de pompiers ont gagné les rues, laissant place à la panique et l’urgence, rapporte notre correspondante à Beyrouth, Sophie Guignon, qui se trouvait dans ce fief du Hezbollah au moment des explosions. Au même moment, se tenaient des funérailles de quatre personnes, dont le fils d’un député du Hezbollah, tués mardi dans les premières explosions de bipers.
Des blessures plus graves en raison d’explosions plus fortes
Il n’est pas encore certain quels sont les engins concernés par les explosions de mercredi. Il s’agirait avant tout de talkies-walkies, mais il pourrait aussi y avoir d’autres engins tels des téléphones ou des ordinateurs.
Cependant, les appareils semblent toutefois être plus massifs que les bipeurs de la veille, impliquant que les explosions étaient plus puissantes : les blessures et les dégâts provoqués par ces dernières explosions sont par conséquent plus graves, rapporte notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh. De plus, les appareils étaient non seulement utilisés par des membres du hezbollah, mais aussi par des civils.
Une atmosphère de colère a également gagné le quartier, alors qu’un drone israélien survolait la région.
D’autres explosions ont été signalées à Saïda (Sud) et à Baalbeck (Est), où 15 personnes ont été blessées, a indiqué une source hospitalière à l’AFP. Des explosions se sont produites dans des maisons dont certaines ont été gravement endommagées, à l’intérieur de voitures qui ont pris feu, sur des motos qui ont été pulvérisées, ou aux mains de porteurs.
L’armée libanaise a demandé aux citoyens de ne pas se rassembler dans les zones touchées par ces « incidents de sécurité » afin de faciliter l’évacuation des blessés par les équipes de secours. Des centaines de donneurs de sang se sont dirigés vers les hôpitaux, qui avaient accueilli la veille, simultanément, près de 3 000 blessés.
Les responsables de l’attaque « devront rendre des comptes », dit l’ONU
Tous les regards sont tournés vers Israël, dont les services secrets sont accusés d’avoir mis au point une attaque très sophistiquée, selon le New York Times.
L’ONU a réagi mercredi 18 septembre, peu avant les nouvelles explosions. Les « objets civils » ne doivent pas être transformés en armes, a insisté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres au lendemain de l’attaque meurtrière aux bipeurs contre les membres du mouvement pro-iranien Hezbollah au Liban. « Il est très important qu’il y ait un contrôle efficace des objets civils, de ne pas les transformer en armes. Cela devrait être une règle pour tout le monde dans le monde, que les gouvernements devraient être capables d’appliquer », a déclaré Antonio Guterres devant la presse.
Peu avant, le haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme avait déjà tapé du poing sur la table, avertissant que les responsables de l’attaque meurtrière aux bipeurs « devront rendre des comptes ».
« Le ciblage simultané de milliers de personnes, qu’il s’agisse de civils ou de membres de groupes armés, sans savoir qui était en possession des engins ciblés, où ils se trouvaient et dans quel environnement ils se trouvaient au moment de l’attaque, constitue une violation du droit international des droits de l’homme et, dans la mesure où il est applicable, du droit international humanitaire », a souligné mercredi dans un communiqué le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Volker Türk. Il réclame une « enquête indépendante, sérieuse et transparente » sur les événements pour trouver les commanditaires et les exécutants.
La présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, assurée par la Slovénie, a également annoncé une réunion d’urgence vendredi 20 septembre au sujet de la série d’explosions meurtrières au Liban. Elle aura lieu à 15h (19h TU).
Présage d’un embrasement régional ?
Les explosions des bipeurs survenues mardi 17 septembre auraient fait 12 morts, dont 2 enfants, et près de 3 000 blessés, selon un nouveau bilan. La plupart des concernés seraient des membres du groupe chiite Hezbollah, allié du Hamas dans la guerre contre l’État Hébreu.
Alors que le gouvernement libanais était jusqu’ici discret, son chef de la diplomatie a déclaré que ces explosions meurtrières pourraient être le présage d’une guerre plus large au Moyen-Orient. Cité par l’Agence nationale d’information libanaise, Abdallah Bou Habib a mis en garde contre la gravité de cette attaque, imputée par le mouvement islamiste libanais à Israël, « parce qu’elle survient après les menaces israéliennes d’élargir le champ de la guerre contre le Liban, ce qui plongerait la région dans un cycle de violence plus large et annoncerait une guerre plus étendue ».
Washington a mis en garde mercredi contre toute « escalade » après la vague d’explosions. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche John Kirby a ajouté que les États-Unis ne sont « pas impliqués » dans ces opérations. Il n’a pas voulu faire plus de commentaire sur l’origine de ces explosions.
Le groupe taïwanais Gold Apollo a démenti les informations du New York Times, selon lesquelles il avait lui-même produit et vendu les bipeurs piégés du Hezbollah. Or, ces petits appareils portaient bien la marque du groupe taïwanais, mais auraient été fabriqués et commercialisés par son partenaire hongrois, travaillant sous licence.
L’imbroglio commence avec le directeur de Gold Apollo qui martèle devant les journalistes à Taipei : « Ce ne sont pas nos produits. Ce ne sont pas nos produits du début à la fin ». D’après New York Times, 3 000 exemplaires de bipeurs avaient été commandés par le Hezbollah au groupe Gold Apollo de Taïwan. Ils portaient sa marque.
Mais le chef d’entreprise taïwanais est catégorique : c’est la société hongroise BAC, basée à Budapest, qui avait été autorisée à utiliser la marque de Gold Apollo pour la vente de produits dans certaines régions. C’est donc ce groupe hongrois qui est l’unique responsable concernant la fabrication de ces appareils.
Faux, rétorque la PDG de la société BAC. « Je ne fais pas de bipeurs. Je suis juste une intermédiaire. » Ce que semble confimer le porte-parole du gouvernement hongrois en déclarant sur le réseaux X : « La société en question est un intermédiaire commercial, sans site de production ou opérationnel en Hongrie. »