
Il est 23h01, le 8 mai 1945, lorsque le feldmarschall Wilhelm Keitel signe la capitulation de l’Allemagne nazie à Berlin. Autour de la table, les Russes, les Américains, les Britanniques et les Français. C’est la fin de la guerre en Europe. Pour célébrer les 80 ans de la victoire alliée, un hommage en grandes pompes sera rendu ce jeudi à Paris aux millions de civils et combattants tués durant le conflit.
À Reims, les célébrations ont eu lieu dès ce mercredi en présence de la ministre en charge de la Mémoire et des Anciens combattants, Patricia Mirallès. Car c’est là, dans un lycée de cette ville du nord-est de la France où le général américain Dwight Eisenhower avait installé son quartier général, qu’un premier acte de reddition est signé le 7 mai à 2h41 par le generaloberst Alfred Jodl. Furieux de cette reddition en territoire contrôlé par les Américains, le dirigeant soviétique Joseph Staline exige une seconde signature : celle du 8-Mai que les mémoires retiendront.
Mais quand il est 23h01 à Berlin, il est 1h01 à Moscou. C’est la raison pour laquelle les Russes fêtent ce qu’ils appellent « Le Jour de la Victoire » le 9 mai. Vingt-neuf dirigeants étrangers sont attendus pour l’occasion sur la Place rouge, où treize pays enverront des détachements pour défiler aux côtés de l’armée russe.
Ailleurs en Europe, les dates de célébration varient, car tous les territoires n’ont pas été libérés au même moment. Ainsi, aux Pays-Bas, les commémorations s’étendent du 4 au 5 mai, d’abord pour la Journée nationale du souvenir, puis le lendemain pour fêter la libération du pays. En Italie, la Fête de la libération marque à la fois la fin de l’occupation nazie et la résistance contre le régime fasciste de Mussolini. Elle est célébrée le 25 avril, en souvenir de l’offensive de la résistance qui a lieu en 1945 dans plusieurs villes du nord.
En Belgique, le 8-Mai n’est plus férié depuis 50 ans, lorsque le pays a choisi de regrouper toutes les commémorations liées deux guerres mondiales le 11-Novembre. Mais depuis trois ans, une « coalition du 8-Mai » mise sur pied par la société civile, plaide pour le retour des commémorations et d’un jour férié. Parmi les quelque 120 signataires de l’appel figurent, entre autres, les trois grands syndicats belges, des historiens ou encore Simon Gronowski, évadé d’un train de la mort en 1943 et aujourd’hui passeur de mémoire sur la Shoah.
« C’est un moment à commémorer, particulièrement quand on voit dans un pays comme la Belgique, mais en Europe en général, la montée des partis d’extrême droite qui sont nés sur les ruines de collaborationnistes, de complices de ce régime nazi, qui ont mis des beaux costumes et propagent ces idées qui remontent au fascisme ou au nazisme », considère Me Alexis Deswaef, vice-président de la Fédération internationale des droits humains, au micro de notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet. Il y a un mois, le Parlement belge a adopté une résolution qui plaide pour l’instauration d’une cérémonie commémorative officielle. En attendant, la « coalition 8-Mai » organisera ce jeudi soir une fête de la victoire devant la gare centrale de la capitale.