
Ce qu’il faut retenir :
• Les députés ont renversé François Bayrou en lui refusant la confiance à une nette majorité (364 contre, 194 pour). François Bayrou, premier chef de gouvernement de la Ve République à être renversé lors d’un vote de confiance, présentera sa démission au président Emmanuel Macron mardi matin, selon l’un de ses proches.
• Le Premier ministre François Bayrou s’est exprimé pendant environ 45 minutes, engageant la responsabilité de son gouvernement sur un ton sombre et alarmiste, dans un hémicycle alternant entre calme et moments d’agitation. « Cette épreuve de vérité comme chef du gouvernement, avec l’assentiment du président de la République, je l’ai voulue », a-t-il déclaré.
• Lors d’une conférence de presse lundi 25 août, le Premier ministre avait annoncé qu’il engagerait ce 8 septembre la « responsabilité du gouvernement » devant l’Assemblée nationale réunie en session extraordinaire, pour trancher la « question centrale » de « la maîtrise de nos finances » et valider le principe de son plan d’économies budgétaires.
(Les heures indiquées sont exprimées en temps universel)
21h40 : Ce direct touche à sa fin. RFI vous propose une nouvelle édition spéciale à partir de 6h10 jusqu’à 7h (TU). Retrouvez les analyses de nos journalistes en direct depuis nos studios, nos invités et les dernières informations liées à la chute du gouvernement Bayrou après le rejet du vote de confiance par l’Assemblée nationale.
20h50 : Au micro de RFI, le député Liot Harold Huwart appelle à un gouvernement « d’union républicaine », rassemblant des personnalités de gauche mais aussi de droite. « Il y a très simplement deux solutions soit perpétuer des solutions minoritaires, mais qui sont de toute façon condamnée d’avance, surtout dans un contexte d’exaspération des oppositions. Et puis il y a une solution qui est simplement de se donner les moyens de discuter vraiment, franchement et largement, et commencer par discuter sur un programme de redressement avant de former un gouvernement et d’aller au vote de confiance », soutient le député.
Je suis convaincu qu’il y a quelque chose de plus noble que de poursuivre les intérêts personnels de chaque parti jusqu’en 2027, et c’est de tout faire pour que notre pays s’en sorte. Un gouvernement justement, avec des compromis, d’union républicaine, qui assume son nom, qui le dit, avec des gens de gauche et de droite, mais qui sont capables de considérer qu’au-dessus d’eux, au-dessus de leur destin personnel, considèrent qu’au-dessus de nous, il y a quelque chose qui s’appelle le peuple français, l’intérêt de la France, l’intérêt du pays et l’intérêt de l’État.
20h10 : Des manifestants fêtent dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement « Bloquons tout » le 10 septembre. À Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées « Bye bye Bayrou » et « le 10/09 on bloque tout », quelques confettis survolant le regroupement. « On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent », rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi.
À Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunies place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre-ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. « On est au bout du système » avec « une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer », assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant.
À Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le XXe arrondissement, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. « C’est une grande victoire ce soir ! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage » à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans.

19h57 : Resté pendant presque neuf mois à Matignon, le Premier ministre sortant n’a pas marqué par son engagement en faveur de l’environnement, au contraire. Dès son discours de politique générale, la place accordée à l’environnement a été très limitée, et la suite n’a pas été plus favorable. Rien qu’au premier semestre 2025, le Réseau Action Climat dénombrait 43 reculs sur les politiques environnementales.

19h35 : Le pays est-il devenu ingouvernable ? La Constitution de 1958, cousue sur mesure pour ramener de la stabilité est-elle encore adaptée à un pays, dans lequel, il n’y a plus deux, mais trois grands blocs politiques, antagonistes, sans majorité. Comment réussir à voter le budget avant la fin de l’année pour éviter une crise financière alors que se profile une nouvelle crise sociale ? La France est-elle en crise politique ou en crise de régime ?
Décryptage avec Michaël Koskas, maître de conférences en droit public à l’Université Paris Nanterre, auteur de l’article Faut-il tout mettre dans la Constitution, publié dans le revue Pouvoirs. Denis Baranger, professeur de droit public à l’Université Panthéon-Assas, auteur de l’ouvrage Le droit constitutionnel (collection Que sais-je – Presses Universitaire de France).
19h25 : Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a « espéré » lundi soir qu’une issue serait trouvée « le plus vite possible » à la crise politique en France, dont le gouvernement Bayrou a été renversé, s’inquiétant des répercussions sur l’Europe. « J’espère que [le président français] Macron sera en mesure de résoudre la crise parce qu’une situation d’instabilité en France risque de provoquer des dégâts sur notre économie, à un moment aussi où l’Europe doit se montrer unie pour arriver à la paix » en Ukraine, a-t-il déclaré sur la chaîne Rete 4.
« L’Europe doit aussi construire la paix au Proche-Orient et négocier avec les États-Unis sur les droits de douane », a-t-il rappelé. « Donc plus l’Europe est forte, plus elle est unie, et nous espérons que la situation française se résoudra le plus vite possible », a-t-il poursuivi. « Si un grand pays [européen] est ébranlé, tous les autres certainement se trouvent en difficulté », a ajouté Antonio Tajani, avant de vanter « la grande stabilité politique de l’Italie ».
19h10 : Sur le plateau du journal de 20h France 2, le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a annoncé qu’il ne soutiendrait pas une candidature d’Olivier Faure au poste de Premier ministre : « Je ne le soutiendrai pas et je pense que personne ne le fera parce qu’il ne peut pas gouverner tout seul. Il sera obligé d’avoir des macronistes. Donc ils constitueront ce qu’il y a, en Allemagne et dans d’autres pays, une sorte de grande coalition. Pourquoi voulez-vous qu’on aille soutenir une chose pareille ? » Pour Jean-Luc Mélenchon, Olivier Faure « dans la continuité des politiques macronistes parce que lui prévoit 20 milliards d’économies, l’autre prévoyait 40 milliards. Mais ce n’est pas du tout dans cette direction-là qu’il faut aller ».
Il a, à nouveau, appelé à la démission du président de la République. « Nous sommes dans un moment dégagiste […] et nous avons besoin, à la suite d’un mouvement dégagiste, d’un moment refondateur. Seule l’élection présidentielle dans ce pays, compte tenu de ce que sont les institutions, nous permet d’avoir ce moment refondateur », a-t-il élaboré lors d’une interview sur France 2.
18h58 : Le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a réclamé à nouveau qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche après la chute de François Bayrou, mais a indiqué sur TF1 ne pas avoir été contacté par le chef de l’État. « Je pense qu’il est temps pour la gauche de gouverner à nouveau ce pays et de faire en sorte que nous puissions rompre avec la politique qui a été menée pendant huit ans ». Il faut « redonner de l’espoir », a déclaré le chef des socialistes au journal de 20h de TF1, jugeant que les Français étaient « épuisés » et vivaient « un jour sans fin ».
Mais le député de Seine-et-Marne, qui répète depuis plusieurs jours que le PS est prêt à gouverner, a reconnu qu’il n’avait à ce stade pas été contacté par le chef de l’État. « La question n’est pas de savoir si demain on trouvera une majorité. La question est de savoir si on aura des gens qui changeront de méthode et qui accepteront enfin de vivre avec les équilibres qui sont ceux que les Français ont souhaité il y a un an » avec la victoire du Nouveau Front populaire aux législatives anticipées de 2024, a-t-il argumenté.
Le PS s’est engagé, s’il était amené à gouverner, à ne pas utiliser le 49.3, et à faire des compromis pour trouver une majorité à l’Assemblée. Interrogé sur la possibilité que soit nommé un futur Premier ministre issu du bloc central ou des républicains, il a répondu que « la bonne cuisine, ce n’est pas simplement de repasser les mêmes plats en changeant simplement la salade ». « Le mieux, c’est encore de faire en sorte qu’il y ait un véritable changement auquel aspirent les Français ».
18h40 : La crise politique française est relativement suivie en Allemagne avec pas mal de commentaires, relate notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut. On s’inquiète ici en Allemagne, pour la France, mais au delà pour l’Europe. « La France en crise, l’Europe en danger ? », titrait par exemple ce matin le quotidien berlinois Tagesspiegel qui résumait ainsi le le sentiment ambiant.
On s’inquiète de l’instabilité politique du principal partenaire, et ce à l’heure où le couple Emmanuel Macron-Friedrich Merz paraît plus harmonieux que celui que composait le président français avec le chancelier Scholz. Berlin s’inquiète aussi de ce qui va se passer durant les 18 derniers mois, avec un Emmanuel Macron en fin de mandat. Et puis, certains évoquent déjà le risque d’une possible victoire du Rassemblement national en 2027, qui, évidemment compliquerait les relations franco-allemandes, c’est le moins qu’on puisse dire. Si durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, les commentaires en Allemagne sur le président français étaient globalement positifs, voire très positifs, le vent a tourné, comme en témoigne par exemple un éditorial au vitriol dans la dernière édition du magazine Der Spiegel intitulé « L’échec de Jupiter ».
La classe politique allemande avant le vote de confiance d’aujourd’hui restait prudente ne voulait pas donner l’impression de s’immiscer dans les affaires intérieures françaises. Le ministre de l’Europe, Günther Kirschbaum, interrogé, a souligné que la continuité l’emporterait quoiqu’il arrive avec un nouveau gouvernement français. Mais il a aussi précisé que pour lui, Paris devra, quoi qu’il arrive, avec un gouvernement Bayrou ou un autre, assainir ses finances publiques.
Aujourd’hui, on voit une caricature publiée qui montre un coq gaulois qui joue les autruches, ignorant donc les problèmes, la tête sous terre. Et puis l’autre crainte ici, c’est que les difficultés françaises provoquent une crise de la zone euro et/ou de l’Europe. Mais la France n’est pas la Grèce, comme le soulignent beaucoup de journaux, et d’aucuns se demandent déjà si l’Allemagne devra payer avec d’autres l’ardoise française.
18h20 : La France ne connaîtra pas de stabilité politique sans justice sociale, a déclaré la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet à l’AFP, appelant à l’abrogation de la réforme des retraites et à un autre projet de budget. « Le point commun entre Gabriel Attal, Michel Barnier et François Bayrou, c’est qu’ils sont tous tombés à cause de la violence sociale de leur politique », a-t-elle dit.
« Les organisations syndicales avaient prévenu il y a deux ans que le passage en force d’Emmanuel Macron sur la réforme des retraites allait se payer par une profonde crise démocratique. Et là, on y est. Et je ne m’en réjouis pas », a-t-elle poursuivi, accusant président de la république et le patronat de préférer « organiser le chaos institutionnel plutôt que de changer de politique ».
Sophie Binet a exprimé son inquiétude devant une « extrême droite qui est en embuscade et cherche à tirer les marrons du feu de ce chaos ». « Ce n’est pas possible de changer encore le casting pour garder la même politique. Il n’y aura pas de stabilité sans justice sociale », a prévenu la numéro un de la CGT, pour laquelle « la première chose que doit faire le nouveau gouvernement pour retrouver la confiance des Français, c’est d’abroger la réforme des retraites ».
18h10 : RFI était en édition spéciale suite au vote de confiance qui n’a pas été accordé à François Bayrou. Retrouvez les analyses de nos journalistes, les réactions de nos invités.
18h00 : Sur les antennes de RFI, Gaëtan Dussausaye, député du Rassemblement national, revient sur l’idée d’une dissolution évoquée par Marine Le Pen lors de son discours à l’Assemblée nationale. Sur un risque d’aboutir à une nouvelle majorité relative au Palais Bourbon, il explique que « c’est au peuple de décider, c’est aux Français de le décider. Les institutions nous imposent cela. [Le Rassemblement national] a parfaitement conscience et confiance, surtout, dans la sagacité du peuple français pour donner une majorité à notre pays », assure-t-il.
Puis il ajoute : « Mais pour cela, faudrait-il encore que les autres partis politiques, et je pense en particulier à la macronie ou au nouveau Front populaire de Jean-Luc Mélenchon, ne tombent pas, ne sombrent pas dans les magouilles électorales, à se partager les places, plutôt qu’à chercher un projet majoritaire pour agir dans le pays avant les 18 mois qui nous séparent de la prochaine élection présidentielle. »
17h50 : Cette crise politique a des conséquences économiques en France. Elle a également des conséquences européennes. En Italie, on commente beaucoup cette crise de la dette française. Une question que l’on connaît bien ici et dans beaucoup de commentaires, on voit d’ailleurs un miroir renversé un peu de ce que fut l’Italie il n’y a pas si longtemps, explique notre correspondant à Rome, Eric Sénanque. Et c’est tout le paradoxe.
La France va connaître son troisième Premier ministre en moins d’un an. L’Italie, elle, avec Giorgia Meloni à sa tête, a une coalition des droites solides. Elle est en poste depuis trois ans et semble partie pour rester au pouvoir. Autrefois, la France jouissait d’une certaine immunité qui la protégeait des marchés financiers. Mais aujourd’hui, cette stabilité s’effrite avec des crises qui rappellent celles que connaît l’Italie, a résumé cet après-midi, un éditorialiste du Corriere della Serra, le premier journal italien. Selon lui, il lui faudrait un gouvernement Monti, du nom du président du Conseil, figure technoccrate qui avait pris les rênes de l’Italie fin 2011 après Silvio Berlusconi, et alors que le pays était menacé par les marchés financiers.
Quoiqu’il en soit, une crise politique en France n’est pas vue d’un très bon œil. Pour beaucoup d’Italiens, voir son voisin affaibli peut provoquer des secousses de l’autre côté des Alpes. Une appréhension résumée aujourd’hui par Antonio Tajani, le vice-président du Conseil des ministres des Affaires étrangères « L’instabilité de la France ne fait de bien à personne. Si un pays aussi important est affaibli, cela risque de poser des problèmes, a-t-il dit, souhaitant que la crise politique à Paris ne favorise ni l’extrême gauche ni l’extrême droite. »
17h43 : Le président Emmanuel Macron « prend acte » de la chute de Bayrou et nommera son successeur « dans les tout prochains jours », annonce l’Élysée
17h32 : Tous les projecteurs sont désormais braqués sur Emmanuel Macron. Le président est désormais en première ligne, à lui de trouver comment sortir de cette situation, note Valérie Gas, cheffe du service politique de RFI. Pour la troisième fois en un an, il faut trouver un nouveau Premier ministre et un nouveau Premier ministre qui sera capable de trouver des compromis, de faire passer un budget.
C’est un véritable casse-tête pour le président de la République, peut-être encore pire que les deux fois précédentes, puisque là, il sort en fait de deux échecs consécutifs. Il avait placé ses espoirs, enfin un peu malgré lui, en François Bayrou, puisque François Bayrou avait un peu forcé la main du président pour être nommé à Matignon. Finalement, la méthode du centriste n’a pas fonctionné non plus et retour à la case départ pour Emmanuel Macron. Alors maintenant, le compte à rebours a commencé. Combien de temps le président de la République va-t-il mettre pour trouver une issue ? Quelle va être cette issue ? Personne n’en sait rien.
À l’Assemblée, chacun a affiché ses desiderata. Il y a ceux qui veulent laisser du temps pour trouver un compromis, faire une plateforme. Gabriel Attal a lancé l’idée d’un accord de gouvernement pour essayer de tourner pendant 18 mois jusqu’à la présidentielle, et pour éviter une nouvelle forme d’instabilité, même si on y est déjà. Marine Le Pen a redit « dissolution », remettant une pression très forte sur Emmanuel Macron dans son discours à la tribune qui était assez virulent, assez ferme et où elle a appelé à tourner la page Bayrou très rapidement. Elle a également attaqué très fort Emmanuel Macron. Et l’autre ténor que l’on attendait, c’est Jean-Luc Mélenchon. Lui veut que Emmanuel Macron s’en aille. Une démission, une destitution par n’importe quel moyen. On voit que les options sont ouvertes. Certaines n’ont pas l’air de forcément avoir les bonnes grâces d’Emmanuel Macron. Néanmoins, on ne sait pas ce qu’il va faire.

17h17 : La chute du gouvernement Bayrou était inévitable. Seule surprise du jour, il y a une ambiance assez calme ici à l’Assemblée nationale, rapporte notre envoyé spécial sur place, Raphaël Delvolvé. Un peu comme lorsque vous sortez d’un film dont vous connaissiez déjà la fin à l’avance.
Aucune surprise pour l’issue, mais même dans le déroulement de cette journée, à l’exception qu’on vient d’évoquer, tous les éléments de langage étaient connus à la tribune. François Bayrou a rappelé qu’il souhaitait un accord sur son constat sur les finances publiques. Il a dramatisé avec les mêmes mots la même fameuse métaphore du bateau souffrant d’une voie d’eau. En face, les oppositions avaient déjà affiché la couleur. Ils l’ont répété, refusant d’accorder la confiance, condamnant tantôt les mesures du plan, tantôt la méthode du Premier ministre.
Aux extrémités de l’hémicycle, le RN demande toujours au président la dissolution et LFI la destitution d’Emmanuel Macron. Pas de surprise non plus sur le score final. François Bayrou ne fait pas le plein au sein de sa propre coalition. La faute aux LR dont certains se sont abstenus, soit ont voté contre comme il l’avait annoncé. Bref, du 15 août à ce soir, soit les deux semaines séparant l’annonce du vote de confiance à la séance du jour, tout le monde avait répété sa partition à travers les médias, et ça donne donc cette forme de mauvaise pièce de théâtre, sans suspense ni même réelle nouveauté.
Certes, c’est la première fois sous la Ve République qu’un vote de confiance échoue. Mais l’an dernier déjà, un gouvernement avait chuté à l’Assemblée nationale, celui de Michel Barnier. À l’époque, il y avait ici la sidération. Cette fois, il n’y en a pas. Une pointe d’appréhension tout de même, car la suite est entre les mains du président de la République. Personne ne sait exactement ce qui va se passer ces prochains jours.
17h11 : RFI est en édition spéciale suite à la chute du gouvernement de François Bayrou. Cliquez ici pour écouter notre direct.
17h10 : Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé à l’issue du vote de confiance. Sur le réseau social X, il évoque une « victoire et un soulagement populaire ». Il appelle le président Macron à partir.
17h05 : François Bayrou présentera sa démission au président Emmanuel Macron mardi matin, selon l’un de ses proches.
16h58 : Avec 364 voix contre et 194 voix pour, l’Assemblée nationale n’accorde pas sa confiance au gouvernement de François Bayrou. Le Premier ministre est contraint d’apporter sa démission ainsi que celle de son gouvernement au président de la République. C’est la première fois sous la Ve République qu’un gouvernement tombe après un vote de confiance.
16h18 : La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet annonce que le vote est désormais ouvert jusqu’à 18h50. Les députés vont pouvoir voter ou non s’ils accordent leur confiance au gouvernement de François Bayrou.
16h14 : Le Premier ministre s’exprime à nouveau après avoir écouté chaque président de groupes parlementaires. « Je ne répondrai pas à la polémique et aux propos insultants. » « Le moment que nous vivons est à mes yeux assez important pour le Parlement et pour le regard que les Français portent sur le Parlement. » « Nous recevons des messages heurtés par la violence des propos. » Il a également remercié l’Assemblée nationale et les membres de son gouvernement.
16h00 : S’adressant au Premier ministre, Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise – NFP, clame qu’« aujourd’hui est un jour de soulagement pour des millions de Français, soulagement que vous partiez. » « Impopulaire, minoritaire, détesté, le macronisme ne gouverne plus que par la peur », constate-t-elle. « Vous resterez dans l’histoire comme cette oligarchie rapace qui ne supporte pas que les gens puissent profiter des petits bonheurs de la vie. » « Vous n’êtes pas seulement une imposture, mais un danger pour le pays ».

15h47 : L’ancien Premier ministre Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République, s’exprime à son tour. « La France étouffe. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les français […]. Nous n’avons pas une seconde à perdre. » « Nous ne renoncerons jamais », poursuit-il. « C’est à nous de prendre le risque du dialogue. Le compromis est un courage quand la posture est un confort. Aujourd’hui je tends à nouveau la main comme je l’ai proposé à l’été 2024. Je vous le demande. Dialoguons. Parlons-nous. »
15h32 : La présidente du groupe Rassemblement national Marine Le Pen s’exprime à son tour à l’Assemblée nationale. « C’est un moment de vérité ». « Je m’étonne que monsieur Bayrou ait pu, un instant, croire que je pouvais lier ma décision de voter ou non la confiance à mon intérêt personnel. » « Ce moment marque la fin de l’agonie d’un gouvernement fantôme » « Dirigeants de droite comme de gauche, vous êtes coupables ». Marine Le Pen appelle à la dissolution et à une « réelle alternance », prenant en exemple l’ancien président François Mitterrand qui a laissé place à une « alternance de droite ». « L’alternance n’est pas un gros mot, c’est une respiration normale de la démocratie. » « Nous irons à Matignon […]. Le changement n’attend plus », conclut-elle.
15h20 : L’ancien républicain Eric Ciotti, président du groupe Union des droites à l’Assemblée nationale, accuse François Bayrou et Emmanuel Macron d’être les « artisans de la débacle » de la France. « Vous craquez des allumettes sur des flaques de kérosène depuis huit ans, mais nous devrions vous faire confiance pour éteindre l’incendie ? », lance Eric Ciotti face à François Bayrou.
15h14 : Cinglant, Stéphane Peu, président du groupe Gauche démocrate et républicaine, est critique de l’action du Premier ministre François Bayrou. « Votre décision n’est, à nos yeux, qu’un péché d’orgueil. » « Vous serez le quatrième en trois ans à tomber pour épargner le principal responsable de nos malheurs », déclare-t-il en visant le président Emmanuel Macron.
15h07 : Le président du groupe Liot Laurent Panifous s’exprime à son tour : « La confiance ne se réclame pas, elle se gagne. La question pour les députés du groupe Liot est de savoir si vous avez su gagner notre confiance, celle nécessaire à la poursuite de votre mission. Les parlementaires de notre groupe sont issus d’horizons divers et ont en partage le goût du dialogue, du dépassement de l’intérêt partisan et la conviction qu’il nous faut concourir à la recherche de solutions utiles au pays et à nos consitoyens. Ainsi nous avons toujours fait savoir notre volonté de travailler et la recherche de compromis […]. Au regard de votre parcours et de vos engagements, nous avions toujours fait le choix d’être un groupe constructif, pourtant force est de constater que la méthode que vous avez choisie d’adopter nous a largement décontenancés. Vous avez choisi d’avancer seul dans une démarche que je qualifierai de tout ou rien, à rebours de ce que vous avez toujours prôné […]. Nous regrettons ce choix. »
14h50 : Paul Christophe, président du groupe Horizons et indépendants, se tient face à l’Assemblée nationale. « La France ne peut pas laisser sa situation budgétaire se dégrader. Il suffit de regarder autour de nous les dégâts économiques d’une année de querelle politique stérile. Pour qu’un effort soit accepté, il doit être compris. Aussi je salue l’exercice de responsabilité et de transparence du Premier ministre et de son prédécesseur qui ont porté un discours de vérité, indépendamment de l’impopularité de celui-ci. » Comme le député précédent, son groupe est plutôt favorable au plan d’économie proposé par le Premier ministre François Bayrou.
14h36 : Après une pause de quelques minutes, c’est le député Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l’Assemblée nationale, qui prend la parole à l’Assemblée nationale. Il accuse certains députés d’être « déficito-sceptiques ». « Ce n’est pas la question d’un seul homme qui est posée, pas celle d’un gouvernement. Elle est de savoir si nous avons, quelles que soient nos différences, la capacité de voir la vérité en face. Dire les choses telles qu’elles sont c’est reconnaître que depuis 50 ans le choix de la facilité face aux attentes de l’opinion publique […] a conduit à accumuler une dette que nous ne pouvons plus supporter. »
14h12 : Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologiste à l’Assemblée prend à son tour la parole. « Aucun chantage, aucun discours catastrophique ne permettra de construire une stabilité politique. » Elle appelle au respect du vote des Français lors des dernières législatives anticipées de l’an dernier. Elle dresse un bilan négatif de l’action du Premier ministre. « Nous ne retiendrons que vos mensonges délétères concernant votre inaction face aux violences à Bétharram, votre hasardeuse priorité quand vous choisissez de prendre un jet pour Pau plutôt que d’être aux côtés des sinistrés de Mayotte. »
14h05 : Sur les antennes de RFI, Gaëtan Dussausaye, député des Vosges, porte-parole du Rassemblement national (RN), assure que son parti ne votera pas la confiance demandée à l’Assemblée par le Premier ministre, ce lundi 8 septembre. Après la défaite annoncée de François Bayrou, il faudra « rompre avec la politique d’Emmanuel Macron », assure Gaëtan Dussausaye, et « retourner devant les urnes » en organisant des élections législatives anticipées. Un scrutin auquel se prépare déjà Marine Le Pen, selon le porte-parole du RN, malgré sa condamnation à cinq ans d’inéligibilité en première instance. « Elle déposera sa candidature à la préfecture du Pas-de-Calais, affirme Gaëtan Dussausaye. Et si elle n’est pas retenue, nous utiliserons tous les recours administratifs et juridiques possibles. »
13h55 : Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l’Assemblée nationale, succède à Boris Vallaud. « Notre pays est sur la voie de l’instabilité ». « L’instabilité politique est un poison économique », souligne-t-il tout en accusant « l’extrême gauche » de désordre. « Jean-Luc Mélenchon agite tous les désordres », alertant sur la prochaine journée de contestation prévue le 10 septembre, soutenue par le leader insoumis. « Nous ne pouvons pas ignorer que vous avez proposé un chemin de redressement budgétaire. Les Français ont réagi à cela. Il y a des économies, bravo, et des augmentations d’impôts déguisées. Nous ne pouvons pas faire du bien à la France en faisant du mal à la France qui travaille. On ne peut pas toucher aux jours fériés des gens qui travaillent sans toucher aux 365 jours de ceux qui ne travaillent pas », soutient Laurent Wauquiez face à l’Assemblée nationale.
13h50 : Le député Boris Vallaud accuse le président Emmanuel Macron et les Premiers ministres de sa mandature, dont François Bayrou, d’être responsables « du désordre dans le pays ». « Emmanuel Macron n’a cessé d’abîmer le pays. » Le député fait néanmoins un appel du pied au président pour former un nouveau gouvernement avec les socialistes. « Nous sommes prêts, qu’il vienne nous chercher. »
13h45 : Après plus de 40 minutes de discours, François Bayrou termine son discours. « Le chemin qui existe pour la France, c’est celui de la vérité », dit-il en conclusion « S’il n’y a pas ce soutien minimal, cette entente minimale entre les grandes sensibilités du pays sur le constat et sur l’impérieuse trajectoire de redressement, alors l’action du gouvernement serait vouée à l’échec et, pire encore, elle n’aurait pas de sens. » « Je crois au compromis, mais je crois aux compromis quand ils respectent l’essentiel ». Il cède sa place à Boris Vallaud, chef du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Chaque président de groupe de l’Assemblée va se succéder pour livrer chacun leur tour un discours en réponse à celui prononcé par François Bayrou.

13h30 : Conscient de la chute probable de son gouvernement, François Bayrou prévient : « La menace pour la France restera entier, car vous les députés avez le pouvoir de faire tomber le gouvernement, mais pas d’effacer le réel » « Ce qui a sa place ici est la conscience personnelle de chacun face à la Nation. » « Les forces qui vont faire tomber le gouvernement sont celles qui sont le plus opposées entre elles, incompatibles par les idées que par les arrière-pensées. »
13h25 : L’ambiance se tend davantage à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre s’emporte après avoir été invectivé par des députés. La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet appelle à plusieurs reprises au calme et à la reprise du discours du Premier ministre. « Chacun pourra s’exprimer le temps voulu », rappelle la présidente de l’Assemblée aux députés.
13h15 : François Bayrou revient sur la question de la dette. « La France n’a pas connu de budget à l’équilibre depuis 51 ans […] Nous dépensons, mais nous ne revenons jamais en arrière. C’est devenu un réflexe et, pire encore, une addiction. » « Tous les ans, nous dépensons plus que nos ressources de l’année et souvent beaucoup plus », a-t-il martelé. « Un euro de déficit, c’est un euro de dette supplémentaire », une dette estimée à « 3415 milliards d’euros à l’heure où je vous parle ». « La soumission à la dette, c’est comme la soumission à la force militaire », déclare François Bayrou qui redoute une perte de liberté. « Il ne tient qu’à nous de nous émanciper et retrouver le chemin de la liberté ».
13h00 : La présidente de l’Assemblée nationale ouvre la séance extraordinaire à l’Assemblée nationale et donne la parole au Premier ministre. L’atmosphère est électrique au sein de l’hémicycle. « Le plus grand risque est de ne pas en prendre. De laisser faire les choses sans que rien ne change », dit en ouverture François Bayrou. Il affirme avoir « voulu » cette « épreuve de vérité ».
12h50 : Le Premier ministre François Bayrou a quitté Matignon pour l’Assemblée nationale. Le discours qu’il livrera dans quelques instants devant les députés sera prononcé en même temps par Elisabeth Borne, sa ministre de l’Éducation nationale, face aux sénateurs. La réponse des 577 députés à la question posée par François Bayrou pour le vote de confiance est attendue à partir de 19 heures (heure de Paris).
12h35 : La chute annoncée du Premier ministre et de son équipe augmente l’incertitude sur les finances de la France, alors que l’agence Fitch doit actualiser la note souveraine du pays dans quelques jours. Paris parvient encore à emprunter sans difficulté, elle l’a d’ailleurs fait pas plus tard que la semaine dernière, mais ça lui coûte plus cher qu’avant. Et si la chute du gouvernement se confirme, cela pourrait encore éloigner la France des taux auxquels se financent d’autres pays européens comme l’Allemagne, par exemple. Car les investisseurs n’aiment ni l’instabilité politique ni l’incertitude en général.
L’an dernier, le déficit public a atteint près de 6 % (5,8 %) du PIB, loin de l’objectif des 3 % fixé par Bruxelles. Il devrait baisser cette année. Mais ça reste l’un des plus élevés de l’Union européenne. Les agences de notation estiment donc que la France doit faire plus d’économies et/ou trouver de nouvelles recettes, pour stopper durablement le dérapage des comptes publics. Et difficile de savoir à ce stade à quoi ressemblera le prochain budget, qui devra en théorie être présenté avant la mi-octobre par le nouveau gouvernement. Il y a un an, Fitch avait assorti la note de la France d’une perspective négative. Autrement dit, elle anticipait une possible dégradation de la note française.
L’agence américaine doit donner une nouvelle évaluation ce vendredi 12 septembre. Si la note est dégradée, cela coûtera encore un peu plus cher à la France d’emprunter sur les marchés.
12h20 : François Bayrou restera disponible pour la suite et soutiendra les décisions qui seront prises par Emmanuel Macron. Une suite qui doit s’écrire sans lui et sans le socle commun, selon le porte-parole du parti socialiste Arthur Delaporte. « On ne peut pas continuer avec les mêmes, à faire les mêmes politiques, et à continuer à être censuré, ainsi de suite », martèle Arthur Delaporte au micro de RFI. « Aujourd’hui, on dit au président de la République une chose simple. Il faut comprendre qu’il a perdu les élections, qu’il n’est plus majoritaire à l’assemblée et que ses Premiers ministres ne peuvent plus gouverner de façon obtuse comme l’a fait François Bayrou, sinon mêmes causes produiront les mêmes effets. »
Arthur Delaporte appelle Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre socialiste. Une option que ne rejette pas Eric Bothorel, député du socle commun. « J’entends que les regards se tournent vers ce camp-là. Je pense qu’on a une impérieuse nécessité d’avoir un budget avec des gens qui veulent véritablement travailler », souligne Eric Bothorel. « Encore une fois, la configuration arithmétique de l’Assemblée nationale fait que je ne ferai pas de paris sur le fait qu’il y aura un Premier ministre plus solide qu’une autre. »
Mais avant tout ça, il faut attendre le résultat du vote. François Bayrou est attendu à 15 heures (heure de Paris), à la tribune de l’Assemblée nationale, pour y faire sa déclaration de politique générale. Un discours assez long dans lequel le Premier ministre va exposer une dernière fois ses arguments pour tenter de tomber les armes à la main.
12h00 : Sauf surprise, le gouvernement de François Bayrou vit ses derniers instants. Le Premier ministre le sait et le dit dénonçant des « forces politiques en guerre civile les unes avec les autres, mais ensemble pour abattre le gouvernement ». Depuis son coup de poker du 25 août, François Bayrou n’a pas obtenu le début d’un geste des oppositions dont demandait l’accord sur son constat qu’il n’a pas manqué de dramatisé.
Inflexible sur l’effort budgétaire de 44 milliards d’euros, refusant d’abandonner la très contestée suppression de deux jours fériés, il s’est vu reprocher sa méthode par toute la gauche et l’extrême droite qu’il a d’ailleurs braqué en justifiant l’absence de contact avec elle pendant l’été au motif que leurs leaders « étaient en vacances ».
Plus fâcheux encore, François Bayrou ne devrait pas faire le plein au sein de sa coalition. La droite LR va en partie à s’abstenir ou voter contre. Le président Emmanuel Macron devrait donc voir son sixième Premier ministre quitter Matignon, le quatrième depuis 2022. Tous les regards se tourneront alors sur le président après cette nouvelle réplique du séisme de la dissolution.