France: une plainte pour révisionnisme déposée après une messe en hommage à Pétain

Une manifestante opposée à la messe en hommage à Philippe Pétain qui s'est tenue le 15 novembre 2025 en l'église Saint-Jean-Baptiste à Verdun, dans la Meuse.
Une manifestante opposée à la messe en hommage à Philippe Pétain qui s’est tenue le 15 novembre 2025 en l’église Saint-Jean-Baptiste à Verdun, dans la Meuse.AFP – JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN

Figure controversée et critiquée de l’histoire en France, Philippe Pétain (1856-1951) fait l’objet d’une polémique ce 15 novembre. Le préfet du département de la Meuse, Xavier Delarue, s’insurge contre les propos tenus lors d’un hommage rendu au chef de l’État sous Vichy.

« Un tout petit nombre » de personnes, « une vingtaine au maximum », a assisté à une messe hommage en l’église Saint-Jean-Baptiste, selon le préfet. Un événement déjà choquant pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif). Son président, Yonathan Arfi, a dénoncé une « injure à la mémoire des 76 000 déportés juifs de France, que les collaborateurs zélés du régime de Vichy ont livrés aux nazis ». « Célébrer une messe pour Pétain, c’est faire l’apologie de la collaboration et réhabiliter un traître à la patrie », a-t-il martelé sur le réseau social X.

À lire aussiDécouverte du texte original du statut des Juifs de 1940, durci par Pétain

« Premier résistant de France », harcèlement des forces de l’ordre…

Le préfet Delarue, lui, a annoncé à l’AFP qu’il signalerait au parquet les propos « clairement révisionnistes » entendus à l’occasion de cette messe, comme l’y oblige le code pénal. À la sortie de l’office religieux, autorisé par la justice administrative malgré la volonté du maire de Verdun de l’interdire, le président de l’Association pour défendre la mémoire du maréchal Pétain (ADMP), Jacques Boncompain, a soutenu devant des journalistes que le chef du régime de Vichy avait été « le premier résistant de France ».

Parmi les manifestants venus protester contre cet hommage encadré par des policiers, une femme a lancé : « Vous n’avez pas peur des poursuites. » Jacques Boncompain, traité de « révisionniste » par les manifestants, a renchéri en assurant que le procès de Philippe Pétain, en 1945, « ne répondait pas aux critères d’équité ». Au sein des manifestants, on répétait le slogan « Pas de messe pour Pétain, pas de fachos à Verdun ».

Sous les huées, un militant d’extrême droite, Pierre-Nicolas Nups, ancien candidat aux législatives de 2024 en Meurthe-et-Moselle sous la bannière du Parti de la France, a interprété Maréchal nous voilà, le chant à la gloire du chef du régime de Vichy. Le préfet a dit envisager également une plainte contre « deux individus » liés au Parti de la France « qui n’ont pas cessé de harceler les forces de l’ordre ».

Un hommage qui « salit tous les Justes dans notre pays »

Plusieurs élus étaient présents à la manifestation contre l’hommage à Pétain. Une paroissienne, Mariette Descamps, s’est distinguée avec une pancarte où l’on pouvait lire « Catho pas facho ». « Je suis désolé de ce qui se passe aujourd’hui », a-t-elle lâché. Pour sa fille Élise, à ses côtés, cette messe de ce 15 novembre, « c’est salir tous les Justes dans notre pays ». « L’extrême droite se délecte », a-t-elle regretté.

Surnommé « le héros de Verdun » pour son rôle durant la bataille sanglante qui s’est tenue dans cette commune et sa région durant la Première guerre mondiale, il prit la tête du régime de Vichy, en 1940, dans une France battue par l’Allemagne nazie pendant la Seconde guerre mondiale et mis en place la collaboration. Frappé d’indignité nationale en 1945 à la libération, puis déchu de son titre de maréchal et condamné à mort, Pétain vit sa peine commuée en prison à perpétuité.

En France, les propos révisionnistes sont passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Ils sont définis comme la négation, la minoration ou la banalisation de façon outrancière d’un crime de génocide, de crime de guerre ou de crime contre l’humanité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *