
Entre Donald Trump et la Californie, que le président républicain a érigée en épouvantail, un nouveau sujet de bisbille a vu le jour : les voitures électriques. Le chef de l’État a dégainé le premier, jeudi 12 juin, en assurant qu’il allait mettre fin à la politique californienne ambitieuse en faveur des voitures électriques. « Nous sauvons officiellement l’industrie automobile américaine de la destruction », a-t-il déclaré lors d’un événement organisé à la Maison Blanche. Une résolution avait été votée par le Congrès en mai pour empêcher la Californie d’interdire la vente de voitures thermiques neufs en 2035, au profit de véhicules bas carbone.
Dans un long discours ponctué de digressions, Donald Trump a affirmé que « sous la précédente administration, l’État fédéral a laissé à des gauchistes californiens le pouvoir dictatorial de contrôler l’avenir de toute l’industrie automobile ». Il estime que la réglementation californienne impose aux constructeurs de tout le pays une transformation à marche forcée, ceux-ci ne pouvant se passer du plus grand marché du pays. Selon lui, « l’affreux plan » californien « aurait mis fin au moteur thermique, que la plupart des gens préfèrent jusqu’ici ». « Si vous voulez de l’électrique, vous pouvez acheter des voitures électriques » mais « on doit vous laisser le choix », a-t-il ajouté.
La Californie saisit la justice contre la politique de Trump qui « compromet nos vies »
La réponse de la Californie n’a pas tardé. L’État de l’Ouest américain a rapidement saisi la justice pour défendre un dispositif dérogatoire via lequel il fixe des normes environnementales plus strictes que la législation fédérale. La politique du président américain « compromet nos vies, notre économie et notre environnement », a reproché le procureur général de Californie, Rob Bonta. « C’est irresponsable, illégal », a-t-il poursuivi.
Le Parlement de Californie avait légiféré en 2022 pour imposer que tous les véhicules neufs vendus dans l’État soient à « zéro émission » polluante à partir de 2035. Une ambition partagée par une dizaine d’autres États démocrates, mais contestée donc par le président Donald Trump et le Parti républicain, qui dénoncent ce qu’ils estiment être un diktat pour l’ensemble des États-Unis.
La Californie compte le plus grand nombre de voitures électriques du pays et bénéficie, depuis plus d’un demi-siècle, de dérogations qui lui permettent de fixer des normes environnementales plus strictes que la législation fédérale. Elle a ainsi poussé de longue date les constructeurs automobiles à fabriquer des voitures respectant ses normes d’émission et vendues partout aux États-Unis.
Trump vs Newsom, le combat continue
La signature de la résolution par le président faisait peu de doute : le milliardaire républicain, climatosceptique notoire, a fait campagne en 2024 sur sa volonté de forer du pétrole à tout-va. Il a aussi abandonné l’objectif fixé par son prédécesseur démocrate, Joe Biden, de vendre 50% de voitures électriques aux États-Unis d’ici 2030.
Les passes d’armes s’enchaînent entre Donald Trump et la Californie. Le pensionnaire de la Maison Blanche a ordonné, en début de semaine, le déploiement de 4 000 réservistes de la Garde nationale et de 700 Marines à Los Angeles, contre l’avis des autorités locales, après des manifestations contre sa politique migratoire musclée. Il a, au passage, multiplié les invectives à l’encontre du gouverneur.
Gavin Newsom, justement, a dénoncé une dérive autoritaire du président américain. Farouche opposant, il est de plus en plus vu, à la lumière de ses prises de position, comme un potentiel candidat démocrate à l’élection présidentielle de 2028.