
Le 4 août, la police intervient sur un camp de migrants dans un skatepark du nord de Paris. Au réveil, les plus lents voient leur matériel jeté dans un camion à benne. Trois Afghans sont interpellés et conduits au commissariat. Là-bas, selon leurs témoignages, ils auraient subi des faits d’une rare violence.
Deux ont porté plainte, explique leur avocat Florian Bertaux : « Il y a eu des actes que je considère être de la torture. À savoir, ils leur ont mis une poubelle sur la tête, ils l’ont frappé avec la poubelle sur la tête, des coups de poing, des coups-de-pied, au niveau des jambes, du thorax. Ensuite, il y avait du sang par terre. Ils ont ordonné à un de mes clients de ramasser avec une serpillère le sang, puis ils ont essayé de mettre la serpillère dans la bouche de l’autre », a-t-il raconté à notre journaliste au service France, Constantin Jallot
Après deux jours de garde à vue, ils sont relâchés. L’association Médecins du monde a assuré un soutien psychologique aux deux Afghans, aujourd’hui dans un abri provisoire. « On a retrouvé ces deux personnes très vite, elles étaient profondément marquées, voire traumatisées, ajoute Aleks Wasieczko, coordinateur régional. Les deux nous ont dit qu’elles pensaient qu’elles allaient mourir. »
L’enquête visant des officiers de police, confiée à l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), a été ouverte pour « violences avec arme, destruction et dégradation de biens, et injures publiques en raison de l’origine », selon des informations publiées par Mediapart, le 20 août. Selon Me Florian Bertaux, l’un des Afghans, âgé de 31 ans, est « réfugié politique » et l’autre, 20 ans, est « en procédure d’asile accélérée ». Selon lui, ses clients ont été auditionnés par la police des polices mi-août. L’avocat Florian Bertaux espère que l’enquête confiée à l’IGPN permettra d’accéder aux enregistrements des caméras du commissariat.
Contactée, la préfecture de police de Paris nie toute évacuation du skatepark, mais une opération de nettoyage, et déplore des violences contre les forces de l’ordre, sans mentionner la détention des Afghans.