
À l’approche du premier anniversaire de la dissolution, le 9 juin, et face à l’état des finances publiques, François Bayrou annonce dans les colonnes du JDD qu’il pourrait proposer « un plan d’ensemble » demandant « des efforts à tout le monde ». Et d’ajouter que « par l’ampleur qui doit être la sienne, il ne peut réussir si le peuple français ne le soutient pas », ouvrant ainsi la voie à une consultation. « Je pense que la question est assez grave, assez lourde de conséquences pour l’avenir de la nation, pour qu’elle s’adresse directement aux citoyens. Je n’écarte donc aucune possibilité. »
La France a devant elle « deux défis massifs, les plus lourds de son histoire récente : une production trop faible et une dette écrasante », plaide-t-il. « Sans cette approbation, rien ne tiendra », considère-t-il.
Aux yeux du chef du gouvernement, il faut « un plan complet de retour à l’équilibre. Un volet production et un volet finances publiques. Les deux sont indispensables. » Il défend « des solutions précises, avec un objectif clair : être moins dépendant de la dette dès cette année, et à l’horizon de quatre ans, revenir sous le seuil des 3% de déficit public ». « Cela passera par une baisse déterminée des dépenses. Par la simplification. Par une meilleure efficacité de l’État et de l’action publique en général », suggère François Bayrou, pour qui « la solution n’est pas dans de nouveaux impôts ».
« Un référendum ne peut être décidé que par le président de la République », rappelle le chef du gouvernement, citant là l’article 11 de la Constitution de la Ve République. Si son équipe propose, « le président décide ».
« Toute explosion des taux d’intérêt suffirait à nous faire entrer dans une crise »
« Notre pays est engagé sur une pente terriblement risquée, qui nous conduit d’ici trois ou quatre années à une situation angoissante : le seul service de la dette – c’est-à-dire les intérêts annuels – pourrait atteindre 100 milliards d’euros. Chaque année, alerte François Bayrou. C’est l’équivalent des budgets de l’Éducation nationale et de la Défense réunis. C’est un risque considérable pour notre modèle social, pour notre souveraineté, pour notre avenir commun. Toute explosion des taux d’intérêt suffirait à nous faire entrer dans une crise économique et financière d’ampleur historique. »
En début d’année, le gouvernement, qui ne dispose pas de majorité à l’Assemblée nationale, est parvenu à faire adopter le budget 2025 sans tomber sous le coup des motions de censure qui avaient été déposées contre lui. Dans le cadre du prochain exercice, Paris considère désormais qu’il faut trouver 40 milliards d’euros pour respecter les trajectoires annoncées de réduction du déficit public de 5,4% du PIB cette année à 4,6% en 2026.
Le 15 avril, François Bayrou avait dit que son gouvernement souhaitait présenter d’ici au 14 juillet les grandes orientations du prochain projet de loi de finances, alors que l’exécutif a abaissé sa prévision de croissance pour 2025 à 0,7%, contre 0,9%.
« Quand on réforme par les voies classiques, par le passage en force, que se passe-t-il ? Le pays entre en grève, les manifestations s’enchaînent, et personne ne sait si ceux qui défilent connaissent vraiment le contenu de ce qu’ils contestent », fait remarquer le Premier ministre pour justifier son idée. À noter qu’Emmanuel Macron avait déjà laissé entendre, lors de son allocution de fin d’année dernière, qu’il envisageait d’organiser des référendums cette année.