Législatives en Argentine: Javier Milei joue son avenir politique

Le président argentin Javier Milei s'adresse à ses partisans lors d'un rassemblement électoral en prévision des prochaines élections législatives à Tres de Febrero, province de Buenos Aires, le 17 octobre 2025.
Le président argentin Javier Milei s’adresse à ses partisans lors d’un rassemblement électoral en prévision des prochaines élections législatives à Tres de Febrero, province de Buenos Aires, le 17 octobre 2025.AFP – LUIS ROBAYO

Depuis son arrivée au pouvoir, Javier Milei tente de gouverner sans majorité au Congrès. Son parti La Libertad Avanza est aujourd’hui au coude-à-coude dans les sondages avec Fuerza Patria, la formation kirchnériste. Mais l’opposition a marqué des points récemment : elle a remporté les élections régionales dans la province de Buenos Aires. Et surtout, avec l’appui du centre et de la droite, elle a réussi à infliger plusieurs revers au président au Congrès : elle a ainsi fait adopter des lois contraires à sa politique d’austérité.

Un président affaibli par le manque de majorité

Sans majorité, Javier Milei gouverne souvent par décrets ou grâce à des alliances ponctuelles. Le problème, c’est que ces alliances deviennent de plus en plus fragiles. Javier Milei dispose d’un droit de veto sur les lois votées par le Parlement, mais ce veto peut être annulé par les députés et les sénateurs. Et c’est déjà arrivé plusieurs fois.

Pour éviter ça, il lui faudrait au moins une minorité de blocage, c’est-à-dire 30 % des sièges dans les deux chambres. C’est son objectif, mais c’est loin d’être gagné, explique le politologue David Copello. « Le parti de Javier Milei est très minoritaire dans la Chambre des députés et au Sénat. Cette situation minoritaire ne devrait pas changer. Ce qui peut changer, c’est l’équilibre interne au Congrès au profit du parti de Javier Milei, ce qui lui faciliterait les négociations avec d’autres groupes pour avoir leur soutien ». Et donc pour atteindre la minorité de blocage.

Popularité en baisse et scandales à répétition

Ces négociations à venir au Parlement ne seront pas faciles, d’autant que la popularité du président est en baisse. Son bilan économique est mitigé : Il a certes réussi à ralentir l’inflation, mais le niveau de vie des Argentins a chuté. Beaucoup d’emplois ont été détruits, notamment dans la fonction publique.

Plusieurs scandales de corruption sont venus entacher son image. Le plus emblématique concerne un député de son parti, accusé de blanchiment d’argent. Il a dû se retirer de la campagne, mais comme il était trop tard pour réimprimer les bulletins, son nom et sa photo figurent toujours dessus — ce qui risque de semer la confusion chez les électeurs.

Un scrutin observé de près à Washington

Le président américain Donald Trump a accordé une aide financière importante à son ami Javier Milei tout en le prévenant que cette aide serait suspendue en cas d’échec électoral. Une dépendance assumée vis-à-vis des États-Unis qui interroge, souligne David Copello. « Cette pression extérieure rappelle presque l’image caricaturale que l’on peut avoir de l’Argentine et même de l’Amérique latine comme l’arrière-cour des États-Unis, cette dépendance des décisions prises à Washington. De ce point de vue-là, il n’y pas de rupture, comme l’avait promis Javier Milei ».

On verra donc dimanche si les Argentins valident ou non cette orientation très américaine de leur président.

Un homme passe devant une affiche représentant le président argentin Javier Milei et le président américain Donald Trump, sur laquelle on peut lire « Plus de dette et de reddition », à Buenos Aires le 14 octobre 2025. Le président argentin en difficulté Javier Milei s'est rendu à Washington, misant sur une démonstration très médiatisée de soutien politique et économique de la part du président allié Donald Trump avant les élections législatives cruciales.
Un homme passe devant une affiche représentant le président argentin Javier Milei et le président américain Donald Trump, sur laquelle on peut lire « Plus de dette et de reddition », à Buenos Aires le 14 octobre 2025. Le président argentin en difficulté Javier Milei s’est rendu à Washington, misant sur une démonstration très médiatisée de soutien politique et économique de la part du président allié Donald Trump avant les élections législatives cruciales.© Luis ROBAYO / AFP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *